2003
Lieu saint, espace sacré
Mai 2003


Lieu saint, espace sacré

Notre capacité de chercher, de reconnaître et de révérer ce qui est saint plutôt que ce qui est profane et ce qui est sacré plutôt que ce qui est du monde définit notre spiritualité.

Quand Pilate lui demande : « Es-tu le roi des Juifs ? » le Sauveur répond : « Mon royaume n’est pas de ce monde… mon royaume n’est point d’ici-bas » (Jean 18:33, 36).

C’est en ces quelques mots que Jésus déclare que son royaume est distinct de ce monde. Ses enseignements, sa doctrine et son exemple personnel élèvent tous ceux qui croient vraiment en lui à un niveau divin qui exige que l’œil et l’esprit soient fixés uniquement sur la gloire de Dieu (D&A 4:5 ; 88:68). La gloire de Dieu englobe tout ce qui est saint et sacré. Notre capacité de chercher, de reconnaître et de révérer ce qui est saint plutôt que ce qui est profane et ce qui est sacré plutôt que ce qui est du monde définit notre spiritualité. En fait, sans le saint et le sacré, il ne nous reste que le profane et ce qui est du monde.

Au milieu de l’affairement du monde, avec son incertitude certaine, il doit y avoir des endroits qui offrent un refuge spirituel, le renouvellement, l’espérance et la paix. Il y a effectivement des endroits comme cela. Ils sont saints et sacrés. Ce sont des endroits où nous rencontrons le divin et trouvons l’Esprit du Seigneur.

À trois reprises dans les Doctrine et Alliances, le Seigneur recommande à son peuple de se tenir en des lieux saints (voir D&A 45:32 ; 87:8 ; 101:22). Le contexte de ses recommandations est d’autant plus significatif lorsque nous contemplons la situation actuelle de notre monde. Les maladies dévastatrices, les persécutions et la guerre ont un visage qui ne nous est que trop familier et se sont imposées dans notre vie de tous les jours. Face à des problèmes aussi sérieux, le Seigneur nous dit : « Voici, ma volonté est que tous ceux qui invoquent mon nom et m’adorent conformément à mon Évangile éternel se rassemblent et se tiennent en des lieux saints » (D&A 101:22).

Les lieux saints ont toujours été essentiels pour rendre un culte correct à Dieu. Pour les saints des derniers jours, ces lieux saints sont les lieux qui ont une importance historique, notre foyer, la réunion de Sainte-Cène et le temple. Ces endroits reflètent ce que nous révérons et ce que nous enseignons à nos enfants à révérer comme saint et sacré. La foi et la vénération qui y sont associées et le respect que nous avons pour ce qui s’y passe ou ce qui s’y est passé les sanctifient. L’importance des lieux saints et de l’espace sacré dans notre culte ne saurait être surestimée.

Il faut une grande préparation personnelle pour recevoir le bénéfice spirituel qu’apportent les lieux saints. Les lieux saints et les espaces sacrés se distinguent aussi par le sacrifice qu’ils exigent. M. Russell Ballard a enseigné que « le mot sacrifier signifie littéralement ‘rendre sacré’ » (« La loi du sacrifice », Le Liahona, mars 2002, p. 13). Les mots « sacré » et « sacrifice » viennent de la même racine. On ne peut accéder au sacré qu’après avoir fait un sacrifice pour l’obtenir. Il ne peut pas y avoir de sanctification sans sacrifice personnel. C’est le sacrifice qui sanctifie le sacré.

Pour beaucoup, le bosquet sacré près de la ferme des Smith, dans l’État de New York, est simplement beau et paisible. Mais pour les saints des derniers jours du monde entier il est sacré à cause de la foi et de la vénération que nous lui accordons et de la profondeur du sacrifice qu’il représente. Il y a quelques mois, par une belle journée de la fin de l’automne, nous nous sommes retrouvés, ma femme et moi, dans ce bosquet. Il était effectivement beau et nous avons joui de la paix et de la solitude que nous y avons trouvée. Cependant il est infiniment plus que cela, car nous nous trouvions dans le voisinage immédiat de l’endroit où Dieu le Père et son Fils Jésus-Christ sont apparus au jeune Joseph Smith. Notre foi et notre vénération pour leur visite et pour le sacrifice personnel qui en a résulté, tant dans la vie du prophète que dans celle de nos propres ancêtres, ont fait de ce bel endroit un espace sacré et un lieu extrêmement saint. D’autres endroits sacrés de la terre qui ont trait à l’histoire de l’Église suscitent des sentiments tout aussi profonds et tout aussi respectueux. Ces endroits sacrés inspirent notre foi et nous incitent à être fidèles à cette foi et à aller de l’avant en dépit des difficultés qui peuvent surgir sur notre chemin.

De même, notre maison est un lieu saint rempli d’espace sacré. Bien qu’elle ne soit pas toujours tranquille, elle peut être remplie de l’Esprit du Seigneur. C’est ce qu’enseignent la Première Présidence et le Collège des douze apôtres dans La Famille : Déclaration au monde :

« On a le plus de chances d’atteindre le bonheur en famille lorsque celle-ci est fondée sur les enseignements du Seigneur Jésus-Christ. La réussite conjugale et familiale repose, dès le départ et constamment, sur la foi, la prière, le repentir, le pardon, le respect, l’amour, la compassion, le travail et les divertissements sains » (Le Liahona, octobre 1998, p. 24 ).

Pareil foyer exige des sacrifices personnels. Le Seigneur a dit à Joseph Smith : « Ta famille doit se repentir, délaisser certaines choses » (D&A 93:48). Chacune de nos familles se trouve face à un large éventail d’activités et de distractions dont toutes ne sont pas bonnes et dont beaucoup ne sont certainement pas nécessaires. Comme la famille du prophète, notre famille a-t-elle, elle aussi, besoin de se repentir et d’abandonner certaines choses pour conserver la nature sacrée de notre foyer ? Nous pouvons mesurer la profondeur du sacrifice que nous sommes disposés à faire au caractère de lieu saint que revêt notre foyer.

La réunion de Sainte-Cène est en fait plus qu’une réunion. C’est un moment saint en un lieu saint. Au cours de ce moment hebdomadaire, nous réfléchissons au geste de sacrifice le plus miséricordieux que le monde ait jamais connu. Nous méditons sur l’amour de Dieu, qui a donné son Fils unique pour que nous obtenions la vie éternelle. En prenant la Sainte-Cène, nous nous souvenons de lui et nous nous disons disposés à prendre son nom sur nous et à garder ses commandements. Pour pouvoir jouir de la régénérescence spirituelle régulière que permet une participation digne à la Sainte-Cène, il est indispensable de se préparer soigneusement, entre autres de consentir le sacrifice d’un cœur brisé et d’un esprit contrit. Nous devons être disposés à nous esquiver quelques instants du monde pour pouvoir réfléchir à des choses plus saintes. Sans régénérescence spirituelle, notre foi se laisse facilement vaincre par le profane. Il y a bien des années, lorsque nos fils étaient encore très jeunes, j’ai fait, au repas, une réflexion concernant la grande qualité de notre réunion de Sainte-Cène et surtout sur ce que j’avais appris. À leur réaction, je me suis rendu compte qu’ils n’étaient pas sûrs que nous avions assisté à la même réunion. La différence entre mon expérience et la leur était simplement affaire d’un peu de maturité et de préparation personnelle. La régénérescence spirituelle que nous retirons de la réunion de Sainte-Cène ne peut aller au-delà de notre préparation, de notre volonté et de notre désir de nous laisser instruire.

Les temples, qui portent l’inscription « Sainteté à l’Éternel », comptent parmi les lieux les plus sacrés de la terre. Ils sont la manifestation de l’amour de Dieu pour tous ses enfants, passés et présents. Les bénédictions du temple sont liées inséparablement à un sacrifice important. Les ordonnances que l’on y accomplit donnent accès à l’expression complète du sacrifice expiatoire du Sauveur. Cela seul qualifierait le temple comme lieu saint et sacré. Toutefois, un sacrifice personnel est également exigé. Nous sacrifions du temps pour chercher nos ancêtres et du temps pour nous acquitter de nos responsabilités liées au temple. Nous nous efforçons aussi de vivre selon les principes les plus élevés de dignité personnelle qui nous qualifient pour entrer dans l’espace sacré de ce lieu très saint.

Dans les lieux saints et dans les espaces sacrés nous trouvons un refuge spirituel, la régénérescence, l’espérance et la paix. Cela ne vaut-il pas tous les sacrifices personnels nécessaires ? Mes frères et sœurs, puisse chacun d’entre nous révérer et respecter ce qui est saint et sacré dans sa vie. Puissions-nous enseigner la même chose à nos enfants. Tenons-nous tous dans des lieux saints et sacrés où règne la paix spirituelle.

Je rends témoignage du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, le prince de la paix, au nom de Jésus-Christ. Amen.