2021
Enseignement tiré de l’homme qui se tenait devant ma barrière
Avril 2021


Voix des Membres

Enseignement tiré de l’homme qui se tenait devant ma barrière

« Une sonnerie inattendue à la porte offre une perspective nouvelle sur la gratitude. »

Quelques jours après le lancement de l’initiative « Rendre Grâce » lancé par le président Nelson à la fin du mois de novembre, je me sentais déjà sensibilisée aux nombreuses bénédictions qui m’entouraient. J’ai noté avec gratitude ma merveilleuse famille, mon travail, l’Évangile, le soleil dont nous profitons presque toute l’année en Afrique du Sud.

Et puis, le mardi, quelqu’un a sonné à la porte.

J’e venais juste de faire coucher ma fille de trois mois pour sa sieste de l’après-midi. Notre jeune bébé s’agitait aussi et était fatigué. En tant que mère de trois petits enfants qui travaille, j’étais aussi tourmentée par la fatigue. En plus de cela, j’avais mal parce que je m’étais foulée la cheville pendant que je courais ce matin-là, et m’apitoyais sur mon sort parce que je prenais part à un défi de mise en forme que je savais en conséquence ne pas pouvoir terminer.

Je me suis inquiétée de ce que le bruit de la sonnette réveillerait ma fille qui dormait, irritée par le désagrément causé par le fait d’avoir à bouger ma cheville douloureuse et impatiente de faire dormir mon bébé, afin de pouvoir me consacrer à mon travail que je devais faire.

J’ai boitillé jusqu’à la porte.

Un homme qui faisait des travaux de construction à une maison en bas de la route se tenait devant la barrière. Il a dit qu’il n’avait pas apporté son skaftin (boîte de déjeuner). « Pouvez-vous me donner un peu de déjeuner ? », a-t-il demandé.

Mon mari a mentionné que c’était la troisième fois que quelqu’un du même projet de construction était venu demander de la nourriture.

Je lui ai dit que c’était un mauvais moment : J’essayais de faire dormir mon bébé.

Il a dit, s’il te plaît, juste un morceau de pain, juste pour lui.

« Je vais vous donner quelque chose de simple, mais veuillez prendre votre boîte de déjeuner demain, » ai-je dit.

Je suis allée dans ma cuisine et j’ai ouvert mon frigo. Il y avait des aliments frais et sains. À cet instant, j’ai eu un sentiment simultané de gratitude et de culpabilité. Reconnaissante pour l’abondance de nourriture que je mange chaque jour, coupable pour m’être sentie dérangée par sa demande.

L’Écriture dans Matthieu 25:35 m’est venue à l’esprit : « Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli. »

L’esprit m’a pressée avec une question. Étais-je un vrai disciple du Christ si je n’étais pas disposée à me déranger moi-même pour aider quelqu’un dans le besoin ?

Je me suis déplacée en boitillant jusqu’à ma barrière, en tenant mon bébé dans un bras ; deux sandwichs au beurre de cacahuète et deux pommes dans l’autre. J’ai souri et lui ai dit que le pain était encore légèrement glacé.

Mon offrande était maigre et préparée à la hâte, mais l’homme avait l’air sincèrement surpris quand je lui ai donné les quatre articles à travers la barrière. Tous les deux sandwichs ? Toutes les deux pommes ? Tous pour lui ? Il a demandé sans dire un mot.

Puis ce fut mon tour d’être surprise. J’ai vu ses yeux se remplir de larmes. « Merci mami, » il a continué à dire, « Merci. Mami, mami …cela allait continuer. » J’ai tourné la tête – embarrassée par sa réaction à mon petit don, effrayée que je puisse aussi fondre en larmes ; je lui ai dit au revoir.

Que fallait-il pour donner à quelqu’un quatre minutes de ma journée et deux sandwichs au beurre de cacahuète ? Rien. Absolument rien.

Qu’est-ce que cela représentait pour l’homme qui se tenait devant la barrière ? Manifestement, cela a beaucoup compté pour lui.

Je me suis dit qu’à cause du ralentissement des projets de construction et de la flambée du taux de chômage en Afrique du Sud suite à la pandémie de Corona virus, cet homme allait peut-être gagner de l’argent pour la première fois depuis plusieurs mois. Je me suis dit qu’il a probablement besoin de chaque centime qu’il gagne pour soutenir plusieurs autres membres de sa famille qui sont au chômage.

Je me suis dit qu’il « n’oubliait pas » du tout sa boîte de déjeuner.

Je me suis dit qu’il n’avait pas les moyens de se payer un déjeuner.

Quelques instants après cette petite interaction, je me suis sentie presque submergée par l’émotion. Mon geste avait été modeste et imparfait. Pourtant, malgré cela, il avait fait une différence énorme pour l’homme que j’ai aidé. J’ai ressenti un sentiment profond de gratitude que le Seigneur permettrait aux « faibles et aux simples » (D&A 1:23) comme moi, de l’aider à atteindre ses objectifs.

Je rends grâce pour des millions d’enseignements comme celui-ci que Père céleste nous donne ; pour ces petites occasions de se connecter avec d’autres esprits humains. Pour la grâce de Dieu en nous permettant – par aucune qualification de notre propre part – d’insuffler de petites particules de bonté dans la vie des autres.

Je rends grâce pour l’enseignement que j’ai tiré de l’homme qui se tenait devant ma barrière.