Le père et la famille
La famille est en sécurité dans l’Eglise. Nous n’avons pas de doute quant à la route que nous devons suivre. Elle a été indiquée dès le commencement, et la révélation d’en haut continue de nous parvenir selon les besoins.
Une famille commence par l’attirance qui s’exerce entre un jeune homme et une jeune fille en vertu de forces naturelles. Chacun voit chez l’autre ce qu’il recherche chez un homme ou une femme. Ils veulent, par-dessus tout, trouver l’être avec qui ils pourront exprimer totalement leur amour. Ils veulent avoir des enfants, fonder un foyer.
Ils ne doivent pas résister à ces grandes forces naturelles mais les aborder avec prudence, en protégeant ces pouvoirs qui engendrent la vie jusqu’à ce qu’ils se soient fait des promesses, aient contracté des alliances avec le Seigneur, et qu’une cérémonie ait été célébrée devant témoins et enregistrée.
Alors et alors seulement, en tant que mari et femme, ils pourront s’unir dans l’expression de l’amour par laquelle la vie est créée.
Le but final de tous les enseignements et de toutes les activités de l’Eglise est que les parents et leurs enfants soient heureux au foyer, scellés par un mariage éternel et unis aux générations de leur famille.
Le but final de l’adversaire, qui est «plein de fureur, sachant qu’il a peu de temps» (Ap 12:12) est de troubler, de bouleverser et de détruire la famille. Comme un navire sans gouvernail et sans boussole, nous partons à la dérive, loin des valeurs familiales qui constituaient autrefois une ancre. A présent, nous sommes pris dans un courant si fort que, à moins de changer de cap, la civilisation telle qu’elle existe aujourd’hui sera certainement entièrement détruite.
Les valeurs morales sont négligées et la prière est bannie des écoles publiques sous prétexte que l’enseignement de la morale est affaire de religion. En même temps, l’athéisme, la religion profane, est admis dans les salles de classe, et nos jeunes y sont incités à se conduire de manière immorale.
Les dirigeants politiques et les magistrats sont d’accord sur le fait qu’il faut que la famille soit sauvegardée pour que nous survivions. En même temps ils se servent des mots liberté et choix pour détruire les protections du passé et libéraliser les lois sur le mariage, l’avortement et l’identité sexuelle. Ce faisant, ils encouragent les éléments mêmes qui menacent la famille.
Tout cela n’est pas nouveau. Jacob, prophète du Livre de Mormon, a dit au peuple de Néphi: «Je suis… accablé d’une anxiété et d’un désir beaucoup plus grands, pour le bien-être de votre âme, que je ne l’ai été jusqu’à présent … Il m’attriste aussi d’avoir à user d’un langage aussi sévère envers vous en présence de vos femmes et de vos enfants, dont les sentiments, chez la plupart, sont très tendres, très délicats et pleins de chasteté devant Dieu, chose qui est agréable à Dieu» (Jacob 2:3,7).
Cette crise de la famille n’est pas une surprise pour l’Eglise. Nous savions bien qu’elle arrivait.
Pour moi, il n’est pas de meilleur témoignage que nous sommes dirigés par des prophètes que notre préparation pour la situation d’urgence actuelle.
Les Ecritures disent des prophètes que ce sont des sentinelles placées sur une tour qui voient l’ennemi tandis qu’il est encore éloigné (voir D&A 101:45,53-54; 2 Rois 9:17) et qui voient des choses qui ne sont pas visibles à l’oeil naturel, «car le Seigneur a suscité un voyant à son peuple.» (Moïse 6:36; voir aussi Mosiah 8:15-17).
Il y a trente-trois ans, les Frères nous ont mis en garde contre l’effondrement de la famille et nous ont dit de nous préparer. La Première Présidence et le Collège des douze apôtres ont annoncé que l’Eglise serait restructurée.
La soirée familiale hebdomadaire a été introduite par la Première Présidence, qui a dit que «le foyer est le fondement de la droiture et que rien ne peut le remplacer ni remplir son rôle essentiel».
Une excellente documentation est fournie aux parents pour instruire leurs enfants avec la promesse que les fidèles seront bénis.
La doctrine et l’organisation révélée de l’Eglise restent inchangées, mais toutes les composantes de l’Eglise ont été modifiées dans leur rapport les unes avec les autres et avec le foyer.
Ces changements ont été si profonds que tout le programme de l’Eglise a été repensé et s’appuie à présent sur les Ecritures et d’excellents manuels pour chaque cours.
Des années ont été consacrées à la préparation de nouvelles éditions en anglais de la Bible, du Livre de Mormon, de Doctrine et Alliances et de la Perle de Grand Prix. A l’exception de la correction des erreurs d’impression et de l’addition de trois révélations à Doctrine et Alliances, le texte des Ecritures reste inchangé.
Des références croisées et d’autres aides ont été ajoutées pour rendre les Ecritures plus accessibles. Par exemple, dans le guide par sujet en anglais, l’entrée «Jésus-Christ» couvre dix-huit pages, en interligne simple et petits caractères, qui en font la compilation la plus complète qui ait jamais été faite de références scripturaires sur le Seigneur.
Les nouvelles éditions des Ecritures sont terminées en anglais et en espagnol. Ce travail est actuellement en cours dans des dizaines de langues.
Nous ne pouvons qu’imaginer la situation dans laquelle nous nous trouverions si nous avions attendu jusqu’à maintenant pour réagir à cette terrible redéfinition de la famille. Mais ce n’est pas le cas. Nous ne cherchons pas frénétiquement partout pour savoir quoi faire. Nous savons quoi faire et quoi enseigner.
La famille se porte bien dans l’Eglise. Des centaines de milliers de familles heureuses envisagent la vie avec une foi inébranlable en l’avenir.
Ce n’est pas nous qui avons décidé de la route que nous suivons. Le plan de salut, le grand plan du bonheur, nous a été révélé, et les prophètes et les apôtres continuent de recevoir des révélations car l’Eglise et ses membres en ont besoin.
Comme Jacob, nous devons enseigner selon le commandement strict de Dieu, malgré l’ampleur de la tâche. Comme Jacob, nous courons le risque d’aggraver les blessures de ceux qui sont déjà blessés, au lieu de les consoler et de guérir leurs plaies (voir Jacob 2:9–10).
Quand nous parlons clairement de divorce, de sévices, d’identité sexuelle, de contraception, d’avortement, de démission des parents, certains nous trouvent mal informés ou insensibles. Certains demandent si nous savons combien de gens nous blessons quand nous parlons clairement. Sommes-nous conscients des mariages en danger, de tous les gens qui ne sont pas mariés, des familles monoparentales, des couples qui ne peuvent avoir d’enfant, des parents dont les enfants sont rebelles, ou des personnes qui ne connaissent pas leur identité sexuelle. N’en sommes-nous pas conscients? Ne nous en soucions-nous pas?
Les gens qui posent cette question ne savent pas à quel point nous nous en soucions; vous ne vous doutez pas des nuits blanches, de toutes les heures de travail, de prière, d’étude, de voyage; tout cela pour le bonheur et la rédemption du genre humain.
Parce que nous savons et que nous nous sentons concernés, nous devons enseigner les règles du bonheur sans atténuation, sans excuse et sans faux-fuyant. C’est notre appel.
J’ai appris un jour une précieuse leçon d’une présidente de Société de Secours. Au cours d’une conférence, elle a annoncé une plus grande sévérité dans l’application de modalités. Une sœur s’est levée et a dit sur un ton de défi: «Ces règles ne peuvent s’appliquer à nous! Vous ne nous comprenez pas! Nous sommes une exception.»
La présidente de la Société de Secours a répondu: «Ma chère sœur, ne nous occupons pas d’abord de l’exception. Nous établirons premièrement la règle, puis nous nous occuperons de l’exception.» Je me suis souvent servi de sa remarque pleine de sagesse, reconnaissant de ce qu’elle m’a enseigné.
A présent, suivant en cela l’exemple de Jacob, je m’adresse aux hommes de l’Eglise. La plupart d’entre vous êtes des maris et des pères dignes, qui faites votre devoir. Mais il y a des femmes dont le cœur est brisé et des enfants qui sont négligés et même maltraités.
Pour les aider, nous devons commencer par les hommes. Les prochaines conférences de pieu et de région seront consacrées à enseigner la doctrine et les principes qui permettent d’être un homme responsable et digne.
Certains d’entre vous n’ont pas eu de bon exemple à suivre et reportent maintenant les mauvais traitements ou la négligence qu’ils ont subie de leurs parents sur leur femme ou leurs enfants.
Mes frères, comprenez-vous que nous soulignons l’enseignement des Ecritures parce qu’elles constituent la constante? Elles nous apprennent le but de la vie, les dons de l’Esprit. Elles nous apprennent la révélation personnelle, le discernement entre le bien et le mal, entre la vérité et l’erreur. Les Ecritures constituent le modèle et le fondement de la doctrine correcte.
De la doctrine, nous tirons des principes de conduite, la manière de réagir aux problèmes de la vie quotidienne, et même aux échecs; car même cela est contenu dans la doctrine.
Si vous comprenez et suivez le grand plan du bonheur, les événements du monde ne détermineront pas votre bonheur. Vous serez mis à l’épreuve, car cela fait partie du plan, mais vos afflictions «ne seront que pour un peu de temps; et si vous les supportez bien, Dieu vous exaltera en haut» (voir D&A 121:7–8).
Votre responsabilité de père et de mari est plus importante que quoi que ce soit d’autre dans la vie. Il est impensable qu’un saint des derniers jours trompe sa femme ou abandonne les enfants qu’il a engendrés, les néglige ou leur fasse subir des sévices.
Le Seigneur vous a «commandé d’élever vos enfants dans la lumière et la vérité» (D&A 93:40).
Vous avez la responsabilité, sauf si vous en êtes réellement incapables, de subvenir aux besoins matériels de votre femme et de vos enfants (D&A 83:2). Vous devez vous consacrez, au prix de sacrifices, à élever vos enfants dans la lumière et la vérité (voir D&A 93:40).
Cela exige une fidélité morale totale à votre femme, dont elle ne doit jamais avoir aucune raison de douter.
Il ne doit pas y avoir de comportement dominateur ou indigne dans les rapports d’intimité entre mari et femme, qui doivent être empreints de tendresse (voir D&A 121:41-43).
Votre femme est votre associée dans la direction de la famille et doit connaître toutes les décisions concernant votre foyer et y participer pleinement.
Conduisez votre famille à l’Eglise, aux alliances et aux ordonnances. Nous essayons de réduire la longueur et le nombre des réunions et des activités en dehors de la maison.
Je ne puis dire combien ma femme et mes enfants et leurs conjoints et leurs enfants me sont chers. J’ai plus appris d’eux qu’ils n’ont appris de moi, et cela au cours les expériences ordinaires heureuses et malheureuses de chaque jour.
J’ai appris d’un petit garçon l’identité et la valeur de l’âme humaine. Il y a quelques années, deux de nos petits garçons faisaient de la lutte sur la moquette. Leur jeu, commencé dans les rires, a tourné aux larmes. J’ai avancé doucement le pied entre eux et j’ai soulevé le plus âgé, qui n’avait que quatre ans, je l’ai assis sur la moquette et je lui ai dit gentiment: «Allons, petit singe, calme-toi.»
Il a croisé ses petits bras et m’a regardé d’un air sérieux. Blessé dans sa conscience de petit garçon, il a protesté: «Je ne suis pas un singe, papa, je suis une personne.»
Cela m’a profondément ému. Je me suis rendu compte qu’il était un enfant de Dieu. Comme je voulais qu’il soit une personne, quelqu’un d’une valeur éternelle! Ce genre d’expériences ordinaires m’a appris à comprendre que les enfants «sont un héritage de l’éternel» (Ps 127:3).
La famille est en sécurité dans l’Eglise. Nous n’avons pas de doute quant à la route que nous devons suivre. Elle a été indiquée dès le commencement, et la révélation d’en haut continue de nous parvenir selon les besoins.
Si nous poursuivons notre route, cela continuera inmanquablement de se produire.
La distance entre l’Eglise et le monde qui prend une direction que nous ne pouvons pas suivre augmentera de plus en plus.
Certains tomberont dans l’apostasie, n’honoreront pas leurs alliances et remplaceront le plan de la rédemption par leurs règles à eux.
Dans le monde entier, les gens qui entrent aujourd’hui dans l’Eglise par dizaines de milliers, viendront inévitablement là où la famille est en sûreté. Là, ils adoreront le Père au nom du Christ, par le don du Saint-Esprit et ils sauront que l’Evangile est le plan de rédemption dont je rends témoignage au nom de Jésus-Christ, amen.