2023
« Coincés » un mois au temple du Ghana pendant les émeutes en Côte d’Ivoire
Mars 2023


#rendregrâce#

« Coincés » un mois au temple du Ghana pendant les émeutes en Côte d’Ivoire

Pour des raisons de sécurité, l’auteur a préféré rester anonyme.

Notre pieu avait programmé un voyage au temple du Ghana, car il n’y avait pas de temple en Côte d’Ivoire à ce moment-là1. Malgré l’atmosphère instable2 qui régnait dans notre pays, la Côte d’Ivoire, nous sommes donc partis au temple pour une semaine.

Deux jours à peine après notre arrivée, on nous informa que des événements tragiques étaient en train de se dérouler dans notre pays.

Peu de temps avant la fin de notre séjour, le président du temple a réuni le personnel du temple et tous les membres venus de Côte d’Ivoire pour leur annoncer qu’ils ne pourraient pas y retourner à cause de la guerre civile qui y était en cours.

Les saints étaient complètement bouleversés ! Certains avaient laissé leurs familles, leurs magasins…

Submergés par la peur, la tristesse et l’inconnu, ils se sont mis à pleurer parce qu’ils ne pouvaient pas retourner au pays.

Après que tout le monde eut parlé, j’ai demandé à prendre la parole et ai dit :

« Dans cette situation tragique, le Seigneur nous a toujours dit de nous rassembler plutôt du côté des temples, et des pieux, pour être épargnés. C’est le cas ! C’est comme ça que vous remerciez le Seigneur ?! Oui, il y a des choses qui se passent, c’est terrible ! Mais vous, vous êtes en vie ! Vous êtes au temple ! Mais priez pour que ce soit moins dramatique encore là-bas ! »

J’ai donc argumenté de la sorte. Et finalement, ils ont eu du baume au cœur et ont dit :

« Bon, on va prier pour notre pays. »

Ils étaient contents.

Nous sommes restés pendant un mois, nourris par le temple. Parce qu’au Ghana, ce n’est pas la même monnaie que dans notre pays, et toutes nos devises étaient épuisées. Donc nous avons été nourris par le temple. Et puis, nous étions bien.

Au bout d’un mois, on nous a réunis de nouveau pour nous dire :

« Bon, vous allez rentrer en Côte d’Ivoire. Mais vous ne rentrez pas tous à la fois. Nous allons choisir parmi vous des éclaireurs qui iront voir la situation pour l’apprécier. Et si c’est possible, vous enverrez le rapport pour que tout le monde revienne. »

Rebelote encore : les gens se sont mis à pleurer, parce qu’on allait choisir des éclaireurs parmi nous.

J’ai encore repris la parole et j’ai dit :

« Mais attendez, vous pleuriez la dernière fois parce que le président du temple vous a dit de rester ? Et maintenant parce que vous devez retourner au pays, pour voir ce qui reste, vous pleurez ? Vous voulez rester encore au Ghana, au temple ?! Mais vous voyez comment vous êtes ?! »

Ils se sont calmés.

J’ai été choisi comme chef de convoi des éclaireurs qui allait regagner la Côte d’Ivoire en car, par la route…

Nous sommes partis et avons constaté le désastre au fur et à mesure que nous approchions. Lorsque nous sommes arrivés, il n’y avait plus de mouvements dans les rues, mais la plupart des magasins étaient fermés. Bien que la situation soit chaotique, on pouvait quand même y vivre.

Nous nous sommes assurés que tous les saints qui étaient restés au Ghana pouvaient regagner leur maison, ou ce qui restait de leur maison. Les réserves de certains avaient été pillées, tandis que d’autres n’en avaient pas fait… Nous avons alors reçu des fonds de l’Église pour acheter du riz, des denrées « sèches » et des conserves, pour les distribuer à toutes les familles qui avaient des difficultés.

Nous avons appris que, alors que nous étions restés un mois au temple, beaucoup de saints avaient eu l’idée de se rassembler dans des centres de pieu et dans les paroisses. Beaucoup ont eu la vie sauve par ce geste, même s’ils ont été obligés d’abandonner leurs maisons parce que dans certains quartiers, c’était vraiment l’enfer.

C’est important de se rappeler, et de se préparer.

Références

  1. Le temple de Côte d’Ivoire est en cours de finition.

  2. Référence aux événements entourant les élections présidentielles d’avril 2011 en Côte d’Ivoire, et la guerre civile qui s’en est suivie.