2022
Un moment sacré inscrit dans le temps
Septembre 2022


MESSAGE DE LA PRÉSIDENCE DE L’INTERRÉGION

Un moment sacré inscrit dans le temps

Il y a plusieurs années de cela, alors que je servais comme évêque, j’ai vu un groupe de jeunes prendre conscience de leur valeur et de leur destinée divines. Ils ont appris que « la religion pure et sans tache, devant Dieu notre Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à se préserver des souillures du monde. »1

À l’occasion de visites de service pastoral, ces jeunes avaient appris à connaître sœur Orpha Cutler. Cette gentille sœur à la santé fragile vivait seule dans une petite caravane. Ses nombreux besoins ont fourni aux jeunes gens une merveilleuse opportunité de se découvrir en la servant. Ils ont ainsi mis en place des projets de service consistant à laver ses fenêtres, à nettoyer sa caravane, ou tout simplement à lui tenir compagnie dans son salon. Au fil du temps, ces jeunes gens ont tissé des liens durables avec sœur Cutler. Elle les avait conquis.

Puis, un jour, elle a reçu une nouvelle qui a été un grand choc. On venait de lui diagnostiquer un cancer en phase terminale, et elle n’avait que peu de temps à vivre. Cette nouvelle fut dévastatrice ! En quelques semaines, son état a empiré, et elle n’a plus été en mesure d’assister régulièrement à la réunion de Sainte Cène. Ces jeunes gens sont alors devenus une bouée de sauvetage spirituelle pour Orpha grâce à leurs visites de service pastoral et à l’administration des emblèmes de la Sainte Cène. Elle aimait le temps passé en leur compagnie, en particulier l’occasion de pouvoir renouveler ses alliances.

Son état de santé se détériorant progressivement, elle est partie s’installer dans un centre de vie assistée situé dans une communauté voisine où elle a reçu les soins dont elle avait besoin et où un petit groupe se réunissait chaque semaine pour un service de Sainte Cène. Un jour, j’ai reçu un appel téléphonique de ce centre. Un employé a demandé si je pouvais amener les prêtres ou, pour reprendre les termes de sœur Cutler, « les garçons », pour lui rendre visite et lui administrer la Sainte Cène. J’ai répondu à l’employé que nous étions honorés de cette opportunité.

Le dimanche, j’ai fait part aux prêtres de la demande de sœur Cutler. Sans hésiter, ils ont accepté l’invitation.

Après nos réunions du dimanche, nous sommes allés au centre de soins. Pendant le trajet, les jeunes gens parlaient des derniers évènements sportifs, de leurs prochains examens, et surtout des jeunes filles qu’ils voulaient inviter pour le prochain bal de leur école. C’était une conversation typique d’adolescents.

Quand nous sommes arrivés au centre, nous avons été accueillis à l’entrée par l’aide-soignante inquiète de sœur Cutler. Les larmes aux yeux, elle a dit sur un ton désespéré, « Bishop Nattress, Orpha est de plus en plus faible. Elle perd plus ou moins conscience et j’ai peur que nous la perdions ! » Elle a ajouté, « Son plus cher désir a été de pouvoir prendre la Sainte Cène. »

Son regard s’est alors porté sur les jeunes gens qui se tenaient derrière moi. Ils portaient chemise blanche et cravate, jeunes hommes de Dieu, détenant Sa prêtrise, honorant cette prêtrise. Ils étaient en mission pour le Seigneur. À travers ses larmes, cette employée a dit, « Vous ressemblez à des anges ! » Puis elle nous a conduits vers la chambre d’Orpha.

Orpha était dans un état critique. Elle était paisiblement allongée dans son lit. Je me suis agenouillé à son chevet, ai pris sa main dans la mienne et lui ai dit, « Sœur Cutler, c’est Bishop Nattress ; je suis là avec le collège des prêtres. Nous sommes venus pour vous administrer la Sainte Cène. » Elle a esquissé un faible sourire et a hoché la tête de manière positive.

Les prêtres ont formé un demi-cercle en s’agenouillant autour de son lit. Un petit morceau de pain a été posé sur une coupelle. Il a été béni puis placé avec précaution dans un coin de sa bouche. Nous nous sommes de nouveau agenouillés. Un gobelet de Sainte Cène rempli d’eau a alors été béni, et une petite goutte d’eau lui a été soigneusement administrée.

Ce fut un moment sacré inscrit dans le temps. Une fois terminée l’administration de cette ordonnance, sœur Cutler a souri et murmuré doucement, « Merci. »

J’ai parcouru du regard ces bons jeunes gens. Ils n’étaient pas très différents des fils d’Hélaman. Les paroles d’Esaïe décrivent le mieux ce qu’ils étaient véritablement, « [prenant] leur envol comme les aigles. »2 Ils étaient vraiment en mission pour le Seigneur.

Nous étions des personnes différentes au moment de quitter ce centre de soins. Nous avions pris part à un évènement sacré. Sœur Cutler avait pour la dernière fois fait alliance avec Dieu de toujours se souvenir de Lui. En le faisant, les cieux se sont ouverts, et elle a eu la bénédiction renouvelée de Sa promesse d’avoir toujours Son Esprit avec elle, que ce soit dans la maladie ou dans la mort.

Notre retour s’est effectué en silence. A un moment donné, un jeune homme a brisé le silence pour dire simplement, « C’était vraiment bien. » Nous sommes rentrés chez nous avec une compréhension renouvelée de ce que signifie réellement prendre sur soi le nom du Seigneur.

Sœur Cutler est décédée quelques jours plus tard, fidèle et loyale à ses alliances.

Est-il surprenant que par dessein divin, les deux écritures les plus citées dans l’Église depuis le Rétablissement en 1830 soient les prières de Sainte Cène ?

Dans ce monde complexe, où les distractions abondent, n’oublions jamais les choses petites et simples qui apportent pouvoir, autorité et vie éternelle. Renouvelons nos alliances chaque semaine en prenant la Sainte Cène. En faisant cela, nous trouverons la paix, et Il nous bénira, maintenant et à jamais.

Références

  1. Jacques 1:27.

  2. Esaïe 40:31.