2021
Une commune fait passer un projet de recyclage au niveau supérieur
Mars 2021


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Une commune fait passer un projet de recyclage au niveau supérieur

Le « surcyclage » encouragera les familles polynésiennes en difficulté à recycler en fabriquant des produits utiles, capables de générer des revenus.

Il existe dans l’interrégion du Pacifique de nombreux projets de recyclage destinés à essayer de récupérer des matériaux utiles provenant des flux de déchets communaux. Cependant, la commune de Faa’a, située sur l’île de Tahiti, essaie de trouver des moyens pour aider ses administrés à non seulement recycler mais aussi à dégager un profit en s’impliquant dans un programme créatif, destiné à créer des produits utiles.

En début d’année, la commune de Faa’a a établi un partenariat avec le pieu de Faa’a Tahiti Takaroa (groupe de congrégations) de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours pour la première phase d’un projet baptisé « J’aime mon Fenua, j’aime ma commune, je réduis mes déchets ». Pour ce projet, la commune a créé des sites de recyclage et imprimé des documents destinés à expliquer comment recycler au sein de leurs communautés.

Les tahitiens font souvent référence à leur île en utilisant un mot polynésien très ancien et riche de sens, « Fenua », qui veut dire île mais aussi terre, créant une connexion plus large entre un lieu en particulier et la planète sur laquelle nous vivons.

La prochaine phase du projet « J’aime mon fenua » a pour nom « surcyclage ». Ce concept cherche à créer de la valeur ajoutée pour des matériaux recyclés en trouvant des moyens destinés à aider les foyers qui génèrent des déchets à les convertir directement en d’autres produits. Cette approche a récemment été discutée au cours d’une réunion du comité d’autonomie du pieu qui dirige ce partenariat avec la commune.

Au cours de cette réunion, le comité a écouté la présentation de Nathalie Convert, une entrepreneuse bien connue en Polynésie française qui a décidé d’utiliser son savoir-faire pour faire du recyclage une entreprise rentable pour les communes et leurs administrés grâce au surcyclage.

Son projet communautaire à but non lucratif a pour nom « Résilience Fenua Développement » et a pour but de créer une nouvelle valeur aux déchets familiaux, industriels et agricoles. Cartons, bouts de tissus, bouteilles en plastique, pneus ou cordes de pêche, par exemple, sont transformés en Tawashi (éponge japonaise), paniers, tapis de sol, balais, vaisselle biodégradable, sacs de courses réutilisables, pots de fleurs pour légumes et bacs ménagers.

Nathalie croit que la transformation des déchets pourrait créer des emplois pour des habitants de la commune qui sont au chômage, en congé, ou pour ceux qui aimeraient avoir un revenu supplémentaire, et elle fournit les moyens pour générer un revenu immédiat en apprenant comment fabriquer ces nouveaux produits.

Le programme comprend la formation, l’outillage et les matériaux nécessaires pendant un an pour les personnes qui s’inscrivent, et apporte son aide pour commercialiser les produits finis.

Après une première réunion avec Nathalie, le pieu a formé les dirigeants de paroisse (congrégations) qui cherchent des candidats susceptibles de participer à ce programme. Il apporte également une aide financière en cas de besoin. 80 personnes se sont portées volontaires et sont à présent occupées à travailler.

Harold Teivao, président du pieu de Faa’a a dit : « En cette période de pandémie où la crise économique et sociale frappe très durement de nombreux foyers polynésiens, ce projet créatif pourrait être une vraie bénédiction pour des familles ayant des difficultés financières ».

Il a également remarqué que madame Convert a de l’expérience dans la fabrication de produits alimentaires à partir de ressources locales comme les jardins potagers et les cultures vivrières. Il pense donc qu’un lien pourrait se faire entre le projet en cours à Faa’a, destiné à réduire les déchets et celui à Takaroa, destiné à améliorer l’autonomie alimentaire.

Geneviève Mana, directrice adjointe de la communication du pieu :

« Les volontaires qui participent à ce programme en retireront des bienfaits à la mesure des efforts qu’ils y auront consacrés. Mais surtout, ils retrouveront l’espoir d’une vie meilleure, le goût du travail et plus de confiance en eux. Ils retrouveront le chemin de l’autonomie pour eux et leur famille, et connaîtront la joie et la paix qu’apporte un foyer plus stable. »

Kahana Tefaaite, étudiante à l’université de Polynésie française :

« J’ai décidé de participer à ce programme parce que je veux être autonome et pouvoir financer un projet personnel ».

Vaite Mare, salariée :

« A cause du COVID-19, mon mari et moi avons perdu une grande partie de nos salaires. Nous avons décidé de participer à ce programme de résilience pour compenser nos pertes et pouvoir continuer à financer d’autres projets en impliquant toute la famille dans cette activité ».

Shine Dauphin, entrepreneuse :

« Nous avons décidé, mon mari et moi, d’accroître notre autonomie financière et ce programme est un moyen efficace d’y parvenir. En termes de surcyclage, j’ai choisi les ‘tissus’ et mon mari a choisi les ‘plastiques’. Il nous tarde de démarrer. »