2022
… ils devaient avoir au fond d’eux une part appartenant au Seigneur.
Mars 2022


… ils devaient avoir au fond d’eux une part appartenant au Seigneur.

J’ai travaillé comme fonctionnaire de police pendant trente ans et j’ai fini ma carrière comme major au commissariat de Biarritz en 2005.

Ayant pris ma retraite, j’ai eu l’occasion de servir pendant dix ans dans la réserve contractuelle. J’y ai servi de renfort lors des saisons estivales au commissariat de Bayonne.

En 2008, j’ai donc été amené à travailler dans ce commissariat et mon rôle était de m’occuper du service des gardes à vue. En fait, il s’agit du travail le plus ingrat dans un commissariat où nous devons subir parfois la violence et les insultes de la part des individus arrêtés pour diverses raisons. Il faut savoir que les gardés à vue peuvent rester en geôle pendant quarante-huit heures dans des conditions difficiles.

Ayant eu un rôle de commandement pendant plus de vingt-deux ans, je ne comprenais pas que l’on m’ait confié cette tâche. Mais, étant d’un naturel obéissant, j’ai essayé de trouver le côté positif de cette situation.

En fait, je ne savais pas alors que je serai une bénédiction pour le service. Effectivement, à la fin de ma mission, mes collègues chargés d’auditionner ces personnes sont venus me remercier en me disant qu’ils n’avaient jamais passé une aussi bonne période. Ils m’ont expliqué que les gardés à vue arrivaient dans leur bureau avec calme et qu’ils avaient pu discuter avec eux sans tension.

Comment cela se pouvait-il ?

Je suis membre de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours depuis 1993.

Le Seigneur nous a enseigné que nous sommes tous ses enfants et que nous devons aimer même nos ennemis. Comme je suis naturellement pacifique et plein d’amour pour les gens qui m’entourent, j’avais décidé d’adoucir les conditions de vie des personnes dont j’avais la charge en me souvenant des paroles de notre Seigneur.

Certes, ils avaient commis des méfaits mais ils étaient avant tout des hommes et devaient avoir au fond d’eux une part appartenant au Seigneur.

Cette année-là, il faisait très chaud et la température dans les cellules pouvait monter aux alentours de trente degrés. J’en subissais moi-même les effets. Pour améliorer leur situation, je leur apportais de l’eau fraîche que j’allais chercher à la fontaine pour les désaltérer et je changeais souvent leur bouteille. Je prenais souvent de leurs nouvelles, ne me contentant pas de les surveiller par écran interposé.

J’ai essayé de comprendre leur cursus de vie.

Lorsqu’il s’agissait de fumeurs, je les sortais de leur cellule et les amenais aux toilettes pour qu’ils puissent « en griller une » comme ils disaient. Ayant été moi-même fumeur autrefois, je savais que le stress amplifie l’envie de prendre une cigarette.

Lors de leur départ en audition, j’aérais la cellule, changeais le matelas pour pouvoir le désinfecter, désodorisais la cellule. Je les amenais aussi faire un brin de toilette. Je faisais tout pour qu’ils gardent leur dignité.

Ils savaient tous que j’étais un disciple du Christ et membre de son Église car ils me demandaient pourquoi j’étais aussi gentil avec eux. Je leur expliquais alors mon engagement envers lui.

Pour moi, tout ce que je faisais-là était normal, car en tant que responsable des unités d’un commissariat, c’était ce que j’exigeais des collègues qui effectuaient la même tâche dans les services dans lesquels je travaillais.

L’année suivante, ayant changé d’affectation (je m’occupais du service des plaintes), j’ai eu la surprise de voir arriver au service un ancien gardé à vue qui est venu me remercier pour ma gentillesse lors de sa détention. Il m’a dit :

  • « Chef, vous n’êtes pas un flic comme les autres. »

En me remémorant ce que j’avais fait, j’ai eu le témoignage encore plus grand de la parabole du bon Samaritain et de la véracité du commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Je suis heureux d’avoir donné du « baume de Galaad » à ces personnes pendant cette période.

Je témoigne que lorsque nous montrons à notre prochain que nous l’aimons, quel qu’il soit et quoiqu’il ait fait, nous montrons notre amour à notre frère aîné Jésus-Christ, et que nous suivons ses commandements.