2002
La loi du sacrifice
Mars 2002


La loi du sacrifice

Les deux objectifs principaux de la loi du sacrifice sont de nous mettre à l’épreuve et de nous aider à aller au Christ.

Il y a quelques années, ma famille et moi avons visité Palmyra (New York), Kirtland (Ohio), et Nauvoo (Illinois). Pendant ce voyage, nous avons revu l’histoire des débuts de l’Église et nous nous sommes souvenus des énormes sacrifices faits par les fondateurs de l’Église afin d’établir le royaume de Dieu dans cette dernière dispensation.

En réfléchissant à leur obéissance et à leur humilité, j’ai pensé à la nature éternelle de la loi du sacrifice, partie essentielle de l’Évangile de Jésus-Christ. Cette loi fut pratiquée à l’époque de l’Ancien Testament, du Nouveau Testament et du Livre de Mormon. Bien que la manière de la mettre en pratique ait changé à l’époque du Nouveau Testament, les objectifs de la loi du sacrifice sont demeurés inchangés même après que l’Expiation du Christ a eu accompli la loi de Moïse.

Habituellement, la première chose à laquelle on pense quand on évoque « la loi de Moïse » est le sacrifice d’animaux. La nature quelque peu macabre du sacrifice d’animaux a suscité chez certains la question : « Comment une telle chose pourrait-elle avoir un rapport avec l’Évangile d’amour ? » Nous pouvons mieux comprendre la réponse à cette question si nous comprenons les deux objectifs principaux de la loi du sacrifice. Ils s’appliquaient à Adam, à Abraham, à Moïse et aux apôtres du Nouveau Testament, et il s’appliquent à nous lorsque nous acceptons la loi du sacrifice et la vivons. Ces deux objectifs majeurs sont de nous mettre à l’épreuve et de nous aider à aller au Christ.

« J’ai décrété en mon cœur, dit le Seigneur, de vous éprouver en tout, pour voir si vous demeurez dans mon alliance, même jusqu’à la mort, afin d’être trouvés dignes.

« Car si vous ne demeurez pas dans mon alliance, vous n’êtes pas dignes de moi » (D&A 98:14-15 ; italiques ajoutés).

La loi du sacrifice nous donne l’occasion de prouver au Seigneur que nous l’aimons plus que tout. Il en résulte que le chemin devient parfois difficile, car il s’agit du processus de perfectionnement qui nous prépare au royaume céleste pour demeurer « pour toujours et à jamais dans la présence de Dieu et de son Christ » (D&A 76:62).

Ensuite, Ezra Taft Benson, président de l’Église, (1899-1994) a expliqué que la mission sacrée de l’Église est d’inviter tout le monde à aller au Christ (voir D&A 20:59) (voir « Venez au Christ, et soyez rendus parfaits en lui », L’Étoile juillet 1988, p. 76 ; voir aussi Moroni 10:32). Dans cette perspective, la loi du sacrifice a toujours représenté pour les enfants de Dieu un moyen d’aller au Seigneur Jésus-Christ.

Comment le sacrifice nous aide-t-il à aller au Christ ? Personne n’accepte jamais le Sauveur sans d’abord avoir foi en lui. Le premier principe de l’Évangile est donc la foi au Seigneur Jésus-Christ. En conséquence, Joseph Smith, le prophète, (1805-1844) a expliqué la relation importante entre le principe de la foi et le principe du sacrifice : « Notons ici qu’une religion qui n’exige pas le sacrifice de toutes choses n’aura jamais la puissance nécessaire pour produire la foi qui est indispensable pour la vie et pour le salut… c’est par le sacrifice de toutes choses terrestres que les hommes savent vraiment que ce qu’ils font est agréable aux yeux du Seigneur. Quand un homme a sacrifié tout ce qu’il possède dans l’intérêt de la vérité, y compris sa vie, et qu’il croit devant Dieu qu’il a été appelé à faire ce sacrifice, car il cherche à faire la volonté de Dieu, il sait, de façon certaine, que Dieu acceptera son sacrifice et son offrande, et qu’il n’a pas cherché, ni ne cherchera en vain à voir sa face. Et c’est dans ces circonstances qu’il peut alors obtenir la foi nécessaire pour avoir la vie éternelle » ( Lectures on Faith, 1985, p. 69).

En résumé, nous devons savoir que ce que nous faisons est agréable à Dieu et nous devons comprendre que cette connaissance nous vient par le moyen du sacrifice et de l’obéissance. Ceux qui vont au Christ par ce chemin reçoivent une confiance qui apporte la paix à leur âme et qui leur permettra un jour d’obtenir la vie éternelle.

Ce Que le Sacrifice Nous Apprend

Le sacrifice nous permet d’apprendre quelque chose au sujet de nous-mêmes : ce que nous sommes prêts à offrir au Seigneur par notre obéissance.

Truman G. Madsen raconte sa visite en Israël avec Hugh B. Brown (1883-1975), apôtre du Seigneur qui fut deuxième conseiller puis premier conseiller dans la Première Présidence. Dans la vallée d’Hébron, où, selon la tradition, se trouve la tombe d’Abraham, frère Madsen demanda à frère Brown : « Quelles sont les bénédictions d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ? » Après une brève réflexion, frère Brown répondit : « La postérité.

Frère Madsen écrit : « Je me suis presque exclamé : ‘Pourquoi, alors, Abraham reçut-il l’ordre d’aller sur le mont Morija et de sacrifier son unique espoir de postérité ?’

« Il était clair que [frère Brown] qui avait presque quatre-vingt ans, avait déjà réfléchi, prié et pleuré à propos de cette question. Il a finalement répondu : ‘Il fallait qu’Abraham apprenne quelque chose au sujet d’Abraham’ » ( The Highest in Us, 1978, p. 49).

Examinons maintenant une autre manière par laquelle la loi du sacrifice amenait les hommes au Christ. Dans les temps anciens, les sacrifices d’animaux amenaient les hommes au Christ en symbolisant et en préfigurant sa vie et sa mission.

Adam apprit que le sacrifice sur l’autel était « une similitude du Fils unique du Père » (Moïse 5:7). Cela nous apprend qu’à l’origine les enfants de notre Père comprenaient le lien entre le sacrifice de leurs offrandes et le sacrifice de l’Agneau de Dieu (voir D&A 138:12-13).

C’est dans le livre de Mormon que nous trouvons les enseignements doctrinaux les plus clairs concernant l’objectif de la loi du sacrifice pratiquée sous la loi de Moïse. Néphi enseigna que c’était la préfiguration du sacrifice du Christ (voir 2 Néphi 11:14). Il écrivit : « Nous gardons la loi de Moïse et attendons avec constance le Christ… Car c’est à cette fin que la loi a été donnée » (2 Néphi 25:24-25). Dans Alma nous lisons : « Ils attendaient la venue du Christ, considérant que la loi de Moïse était une figure de sa venue… La loi de Moïse servait à fortifier leur foi au Christ » (Alma 25:15-16).

Joseph Smith, le prophète, a enseigné : « Chaque fois que le Seigneur s’est révélé aux hommes dans les temps anciens et leur a demandé de lui faire un sacrifice, ce fut afin qu’ils pussent espérer avec foi le moment de sa venue et être assurés que cette expiation avait le pouvoir de leur assurer la rémission de leurs péchés » ( Enseignements du prophète Joseph Smith, compilés par Joseph Fielding Smith, 1981, p. 45 ; voir aussi page 43).

Spencer W. Kimball (1895-1985), ancien président de l’Église, expliqua un jour à un jeune homme de mes amis qui avait des difficultés à obtenir un témoignage que des efforts acharnés sont nécessaires pour être sauvés par Jésus-Christ. Il lui dit : « C’est par le sacrifice et le service que l’on parvient à connaître le Seigneur. » En sacrifiant nos désirs égoïstes, en servant notre Seigneur et notre prochain, nous devenons davantage comme lui.

Russel M. Nelson, du Collège des douze apôtres, enseigne :

« Nous avons toujours le commandement de faire un sacrifice, mais sans verser le sang des animaux. Nous réalisons le sacrifice le plus élevé en devenant plus sacrés ou plus saints.

« Nous y arrivons en obéissant aux commandements de Dieu. C’est ainsi que les lois de l’obéissance et du sacrifice sont liées de manière permanente… Il se produit en nous quelque chose de merveilleux lorsque nous obéissons à ces commandements et à d’autres… Nous devenons plus sacrés et plus saints, plus semblables à notre Seigneur » (« Lessons from Eve », Ensign, novembre 1987, p. 88).

En réalité, le mot sacrifier signifie littéralement « rendre sacré ».

Une Loi Depuis Les Origines

Nos premières leçons concernant la loi du sacrifice, aussi bien que les autres principes de l’Évangile, commencèrent dans la vie pré-mortelle. Nous y avons appris la plénitude de l’Évangile et le plan de salut (voir D&A 138:56). Nous connaissions la mission du Sauveur et son sacrifice expiatoire à venir, et nous l’avions soutenu de plein gré comme notre Sauveur et notre Rédempteur. Nous apprenons dans l’Apocalypse au chapitre 12, versets 9 et 11 que « c’est à cause du sang de l’agneau » (le sacrifice expiatoire du Christ) et à cause de notre témoignage que nous pouvons vaincre Satan. Joseph F. Smith, ancien président de l’Église (1838-1918), a expliqué : « Le Seigneur a prévu au commencement de confronter l’homme à la connaissance du bien et du mal, et il lui a donné pour commandement de s’attacher au bien et de s’abstenir du mal. Mais s’il échouait, il lui donnerait la loi du sacrifice et lui donnerait un Sauveur pour le ramener dans la présence et la faveur de Dieu et avoir part à la vie éternelle avec lui. C’était le plan de Rédemption que le Tout-Puissant a choisi et institué avant que l’homme ne soit mis ici-bas » ( Enseignements des présidents de l’Église : Joseph F. Smith, 1998, p. 98).

Adam et Ève apprirent la loi du sacrifice et il leur fut commandé de la mettre en pratique en faisant des offrandes. Celles-ci comprenaient deux symboles : les premiers-nés de leurs troupeaux et les prémices de leurs champs. Ils obéirent sans poser de question (voir Moïse 5:5-6). David O. McKay, ancien président de l’Église (1873-1970), a fait ce commentaire : « L’effet de cette loi était que le meilleur fruit de la terre, le meilleur animal du troupeau ne devait pas être utilisé pour soi-même, mais qu’il devait être offert à Dieu » (« The Atonement », Instructor, mars 1959, p. 66). A une époque de l’histoire où nourrir sa famille exigeait un effort continu, le Seigneur demanda à ceux qui voulaient l’adorer d’offrir en sacrifice le meilleur de leur moyen de subsistance. Ce fut une véritable mise à l’épreuve de la foi d’Adam et Ève, et ils obéirent.

Abel, Noé, Abraham, Isaac, Jacob et tous les saints prophètes d’Adam à Moïse offrirent de la même manière des sacrifices au Seigneur.

La Loi de Moïse

A cause de la nature rebelle des enfants d’Israël de l’époque de Moïse, la façon de pratiquer la loi de sacrifice fut modifiée ; elle devint une loi stricte qui exigeait une observance quotidienne de célébrations et d’ordonnances. A cette époque le nombre et la diversité des offrandes requises par la loi du sacrifice augmentèrent considérablement. Les sacrifices mosaïques consistaient en cinq offrandes principales qui étaient divisées en deux catégories fondamentales : celles qui étaient obligatoires et celles qui étaient volontaires. La différence entre les offrandes obligatoires et les offrandes volontaires peut être comparée à la différence entre la loi de la dîme et la loi de l’offrande de jeûne.

Un aspect demeurait inchangé dans toutes ces offrandes : le sacrifice mosaïque tout entier était centré sur le Christ. Comme le Christ, le prêtre agissait en tant que médiateur entre le peuple et son Dieu. Comme le Christ, le prêtre devait être issu de la lignée appropriée afin de pouvoir officier dans son appel. Comme le Christ, celui qui donnait l’offrande, sacrifiait par obéissance et de plein gré ce qu’exigeait la loi.

La partie du sacrifice qui présentait le plus de similitudes avec le Sauveur était l’offrande elle-même. Observons ensemble quelques-unes de ces similitudes.

Premièrement, comme le Christ, l’animal était choisi et oint par l’imposition des mains. (Le nom hébreu Messie et le nom grec Christ signifient tous les deux « l’Oint ».) Deuxièmement, il fallait verser le sang de l’animal. Troisièmement, il devait être sans défaut (entièrement exempt de tares physiques) entier et parfait. Quatrièmement, l’offrande devait être propre et digne. Cinquièmement, l’offrande devait être domestiquée, c’est-à-dire pas sauvage mais apprivoisée et utile à l’homme (voir Lévitique 1:2-3, 10 ; 22:21). Sixièmement et septièmement, pour le sacrifice originel offert par Adam et pour le sacrifice le plus courant sous la loi de Moïse, l’animal devait être un premier-né et un mâle (voir Exode 12:5 ; Lévitique 1:3 ; 22:18-25). Huitièmement, l’offrande de grain devait être broyée en farine et transformée en pain, ce qui nous rappelle le nom de notre Seigneur : le pain de vie (voir Jean 6:48). Neuvièmement, les prémices que l’on offrait nous rappellent que le Christ était les prémices de la résurrection (voir 1 Corinthiens 15:20). (Voir aussi à « Sacrifices » dans le Guide des Ecritures ; Daniel H. Ludlow, rédacteur, Encyclopedia of Mormonism, 5 volumes, 1992, 3:1248-1249.)

L’accomplissement de la Loi

La loi du sacrifice donnée à Moïse, avec son système d’offrandes, était encore pratiquée à l’époque du Nouveau Testament. Le Jésus-Christ du Nouveau Testament était le Jéhovah de l’Ancien Testament, celui qui institua la loi de Moïse, établissant les éléments de la loi qui annonçaient avec précision son sacrifice expiatoire à venir. Il était, alors, celui qui détenait l’autorité d’accomplir la loi, et ses dernières paroles, « Tout est accompli » (Jean 19:30), indiquent que cela avait été fait.

Amulek expliqua l’accomplissement de la loi de la façon suivante :

« C’est pourquoi, il est nécessaire qu’il y ait un grand et dernier sacrifice, et alors il y aura… une fin à l’effusion du sang ; alors la loi de Moïse sera accomplie…

« Et voici, c’est là toute la signification de la loi, tout jusqu’au moindre détail annonçant ce grand et dernier sacrifice ; et ce grand et dernier sacrifice, oui ce sacrifice infini et éternel, sera le Fils de Dieu » (Alma 34:13-14).

Maintenant, voici une vérité très importante : Nous devons comprendre que la loi de Moïse n’est pas la même chose que la loi du sacrifice. Bien que la loi de Moïse ait été accomplie, les principes de la loi du sacrifice font toujours partie de la doctrine de l’Église. L’objectif principal de la loi du sacrifice est toujours de nous mettre à l’épreuve et de nous aider à aller au Christ. Après le sacrifice ultime du Sauveur, deux ajustements furent apportés dans l’application de cette loi. Premièrement, l’ordonnance de la Sainte-Cène remplaça l’ordonnance du sacrifice et, deuxièmement, le sacrifice se déplaça de l’animal appartenant à une personne à la personne elle-même. On pourrait dire que le sacrifice se déplaça de l’offrande à celui qui la fait.

Quand nous considérons le remplacement du sacrifice d’un animal par la Sainte-Cène, nous ne pouvons manquer de remarquer une importante relation entre les deux. Aussi bien le sacrifice que la Sainte-Cène :

  • Sont influencés par l’attitude et par la dignité personnelle (voir Amos 5:6-7, 9-10, 21-22 ; 3 Néphi 18:27-29 ; Moroni 7:6-7).

  • Doivent être accomplis par des prêtres détenteurs de la Prêtrise d’Aaron (voir D&A 13:1 ; 20:46).

  • Sont centrés sur le Christ (voir Luc 22:19-20 ; Alma 34:13-14).

  • Utilisent des symboles qui représentent le corps et le sang du Christ (voir Luc 22:19-20 ; Moïse 5:6-7).

  • Nous donnent un moyen de faire et de renouveler des alliances avec Dieu (voir Lévitique 22:21 ; D&A 20:77, 79).

  • Sont accomplis régulièrement le jour du Sabbat ainsi qu’à d’autres occasions particulières (voir Lévitique 23:15 ; D&A 59:9-13).

  • Sont associés à des repas qui représentent symboliquement l’Expiation (voir Lévitique 7:16-18 ; Matthieu 26:26).

  • Sont les seules ordonnances salvatrices auxquelles les membres participent plus d’une fois pour eux-mêmes.

  • Constituent une étape importante du processus du repentir (voir Lévitique 19:22 ; 3 Néphi 18:11 ; Moïse 5:7-8).

Joseph F. Smith a dit que l’objectif de la Sainte-Cène « est de nous permettre de garder continuellement à l’esprit le Fils de Dieu qui nous a rachetés de la mort éternelle et qui nous a ramenés à la vie par le pouvoir de l’Évangile. » Il a ajouté : « Avant la venue du Christ ici-bas, cela était rappelé… par une autre ordonnance [sacrifice de la vie d’animaux), qui était la préfiguration du grand sacrifice qui devait avoir lieu au midi des temps » ( Enseignements des présidents de l’Église : Joseph F. Smith, p. 102).

Le Sacrifice de Nous-mêmes

Après son ministère dans la condition mortelle, le Christ éleva la loi du sacrifice à un autre niveau. En décrivant la continuation de la loi, Jésus dit à ses apôtres néphites qu’il n’accepterait plus les holocaustes mais que ses disciples devaient offrir « un cœur brisé et un esprit contrit » (3 Néphi 9:19-20 ; voir aussi D&A 59:8, 12). Le Seigneur n’exige plus nos animaux ou nos céréales, maintenant il veut que nous renoncions à toute méchanceté. Cette application plus élevée de la loi du sacrifice pénètre à l’intérieur de notre âme. Neal A. Maxwell, du Collège des douze apôtres, a dit : « Le véritable sacrifice personnel n’a jamais consisté à placer un animal sur l’autel. Il consiste à être disposé à placer sur l’autel la partie animale de notre nature et à permettre qu’elle soit consumée ! » (« Refusez-vous toute impiété » L’Étoile, juillet 1995, p. 81).

Comment pouvons-nous montrer au Seigneur que nous nous sommes symboliquement placés sur l’autel du sacrifice actuel ? Nous le lui montrons en vivant le premier grand commandement : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée » (Matthieu 22:37). Quand nous surmontons nos désirs égoïstes et mettons Dieu en premier dans notre vie, et faisons alliance de le servir à tout prix, alors nous vivons la loi du sacrifice.

L’un des meilleurs moyens de s’assurer que nous gardons le premier grand commandement est de garder le deuxième grand commandement. Le Maître lui-même enseigna : « Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites » (Matthieu 25:40). Le roi Benjamin enseigna : « Lorsque vous êtes au service de vos semblables, vous êtes simplement au service de votre Dieu » (Mosiah 2:17). Nous pouvons mesurer le degré de notre amour pour le Seigneur et pour notre prochain par ce que nous sommes prêts à sacrifier pour eux. Le sacrifice est une démonstration d’amour pur.

Parfois la façon la plus efficace d’enseigner un principe est de donner un exemple de son application pratique. Je voudrais vous faire part de deux exemples qui me sont personnellement proches. Je sais que beaucoup d’autres membres de l’Église pourraient raconter des histoires semblables concernant le sacrifice accompli par des membres de leur famille.

Mon arrière-grand-père, Henry Ballard, devint membre de l’Église en Angleterre, vint en Amérique et subit de grandes privations pendant son voyage jusqu’en Utah. Mon arrière-grand-mère, Margaret McNeil Ballard, subit également beaucoup de tribulations en traversant les plaines à l’âge de 11 ans. Il y a quelques années, en suivant la piste des pionniers avec ma famille, je me suis demandé comment mes fidèles arrière-grands-parents avaient pu survivre à ce voyage pénible et comment il était possible qu’ils aient fait tout ce qu’ils ont fait tout au long de leur vie. Je suis sûr qu’ils ont appris à connaître Dieu et son saint Fils quand ils ont renoncé de bon cœur à tout ce qu’ils avaient pour les servir. Henry Ballard remplit fidèlement son appel d’évêque de la deuxième paroisse de Logan pendant 40 ans moins quelques mois. Margaret, son épouse dévouée, fut présidente de la Société de Secours pendant 30 ans.

Notre engagement envers le royaume doit être égal à celui de nos fidèles ancêtres, bien que nos sacrifices soient différents. Aujourd’hui, dans l’Église, nous pouvons trouver de nombreux exemples qui nous aident à comprendre que le sacrifice pour l’Évangile demeure indispensable et que, pour aller au Christ, il faut autant d’engagement et de dévouement maintenant qu’à toutes les époques.

Par exemple, on m’a demandé récemment de présider une conférence régionale à La Paz, en Bolivie. Certains membres sont venus de petites villes et de villages lointains, faisant de grands sacrifices et montrant beaucoup d’engagement pour assister aux réunions. Avant la session de formation des dirigeants de la prêtrise, j’ai salué les frères qui se rassemblaient. J’ai remarqué que la chemise d’un frère âgé était d’une couleur différente à partir du milieu de la poitrine. Le haut était blanc, tandis que le bas était d’un roux brunâtre. Lui et ses trois compagnons, tous des détenteurs de la prêtrise de Melchisédek, avaient voyagé pendant des heures, à pied la plupart du temps et traversant à gué deux rivières, dont l’eau d’un roux brunâtre leur montait à la poitrine. Enfin ils avaient hélé un camion et avaient voyagé debout à l’arrière pendant les deux dernières heures de leur voyage.

Leur sacrifice et leur attitude me touchèrent profondément. L’un de ces hommes fidèles me dit : « Frère Ballard, vous êtes l’un des apôtres du Seigneur. Mes frères et moi ferions tout ce qui est nécessaire pour que vous nous instruisiez.

Avons-nous cette attitude quand on nous demande de participer aux réunions de dirigeants du pieu et de la paroisse, ou de la branche et du district ?

Les Bénédictions Du Sacrifice

Nous chantons : « Que de faveurs viennent du sacrifice » (« Au grand prophète », Cantiques, n° 16). Ce principe est vrai. Je voudrais l’illustrer par une expérience personnelle.

En 1958, j’ai reçu l’appel d’évêque dans une paroisse de la banlieue de Salt Lake City, à une époque où les membres locaux payaient 50 pour cent du coût de construction d’un bâtiment. J’ai vécu l’une des plus importantes expériences de ma vie de dirigeant quelques semaines avant la consécration de notre bâtiment. Notre paroisse, composée de jeunes familles qui avaient du mal à joindre les deux bouts, devait encore collecter 30 000 dollars. J’ai jeûné et prié pour savoir comment leur annoncer cette obligation. Nous leur avions déjà beaucoup demandé.

Quand les frères se sont rassemblés pour la réunion de la prêtrise, je me suis senti poussé à leur lire le témoignage de Melvin J. Ballard, mon grand-père, lors de son ordination au Collège des douze apôtres, le 7 janvier 1919. Je cite un petit extrait qui relate l’expérience qu’il a eue en 1917, quand il a supplié le Seigneur de l’aider dans une situation qu’il n’avait jamais vécue auparavant.

« Cette nuit-là, j’ai reçu une manifestation merveilleuse et une impression qui ne m’a plus quitté. J’ai été transporté à cet endroit – dans cette pièce. Je m’y suis vu avec vous. On m’a dit qu’un autre privilège m’attendait, on m’a conduit dans une pièce, et on m’a annoncé que j’allais rencontrer quelqu’un. En entrant dans la pièce, j’ai vu assis sur une estrade surélevée, l’être le plus glorieux que j’aie jamais imaginé. On m’a fait avancer pour me présenter à lui. Quand je me suis approché, il a souri, il m’a appelé par mon nom et il a tendu ses mains vers moi… Il m’a entouré de ses bras et il m’a embrassé, en me serrant contre sa poitrine et il m’a béni jusqu’à ce que mon être tout entier tressaille. Quand il a eu terminé, je suis tombé à ses pieds et là j’ai vu la marque des clous ; et en les embrassant, avec une joie profonde qui envahissait tout mon être, j’ai senti que j’étais vraiment au ciel. Le sentiment suivant est alors entré dans mon cœur : Oh ! Si je pouvais vivre de façon digne… afin de pouvoir, à la fin, quand j’aurai terminé, entrer en sa présence et éprouver le sentiment que j’avais alors en sa présence, je donnerais tout ce que je suis et que j’espère jamais être ! » (Melvin R. Ballard, Melvin J. Ballard : Crusader for Righteousness, 1966, p. 66).

Ce jour-là, lors de la réunion de la prêtrise de ma paroisse, l’Esprit du Seigneur a touché le cœur des frères fidèles. Nous savions tous qu’avec plus de foi en Jésus-Christ, notre Sauveur et notre Rédempteur, nous pouvions atteindre notre objectif. Au cours de la journée, les familles sont venues les unes après les autres dans mon bureau avec de l’argent, faisant des sacrifices personnels qui dépassaient de loin tout ce que moi, leur évêque, j’aurais pu leur demander. A huit heures, le dimanche soir, le greffier de la paroisse avait écrit des reçus pour un peu plus de 30 000 dollars.

Le sacrifice a réellement apporté aux membres de notre paroisse des bénédictions célestes. Je n’ai jamais vécu parmi des gens plus unis, plus prévenants, se souciant plus les uns des autres que ces membres. Dans notre sacrifice le plus grand nous sommes devenus unis dans le véritable esprit de l’Évangile d’amour et de service.

Le sacrifice est toujours nécessaire si nous voulons acquérir une foi assez forte pour nous conduire à la vie éternelle. Je crois que nous devons intensifier notre dévotion spirituelle et notre service pour le Seigneur et nos semblables, afin de témoigner au Seigneur notre amour pour lui et pour notre Père céleste.

L’épreuve de L’abondance

Tandis que nous réfléchissons à la loi du sacrifice dans notre vie, réfléchissons aussi à la situation dans laquelle nous vivons. Les bénédictions que nous avons reçues à notre époque sont énormes. Nous devons prendre grand soin de ne pas devenir ingrats. Le Seigneur a dit : « Et il n’y a rien qui offense autant Dieu ou allume autant sa colère que ceux qui ne confessent pas sa main en toutes choses » (D&A 59:21). L’esprit de la loi du sacrifice favorise la gratitude.

Lorsque l’on écrira l’histoire, l’époque de grande prospérité dans laquelle nous vivons pourrait s’avérer aussi dévastatrice pour nos âmes que les effets des persécutions physiques l’ont été pour les corps de nos ancêtres pionniers. Brigham Young, président de l’Église (1801-1877), a fait la mise en garde suivante : « Nous avons enduré la pauvreté, la persécution et la répression, beaucoup d’entre nous ont subi la perte de toutes choses du point de vue matériel. Donnez-nous la prospérité et voyez si nous pourrions la supporter et être prêts à servir Dieu. Voyez si nous serions aussi disposés à sacrifier des millions, que nous l’étions à sacrifier ce que nous avions lorsque nous étions relativement pauvres » ( Deseret News Weekly, 26 octobre 1870, p. 443).

Nous ferions bien de nous souvenir du cycle de la prospérité exposé dans le Livre de Mormon, où les personnes qui avaient été bénies à cause de leur justice devinrent riches et ensuite oublièrent le Seigneur. N’oublions pas le Seigneur dans nos jours de prospérité. Gardons l’esprit de la loi du sacrifice et remercions-le toujours de ce que nous avons, même si nous n’avons pas autant que les autres.

Écoutez le langage des Écritures quand elles décrivent le niveau de sacrifice que le Seigneur exige de nous : « Offrez… votre âme toute entière en offrande [au Seigneur] » (Omni 1:26 ; voir aussi Mosiah 2:24). « Offrez vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu » (Romains 12:1). Le Seigneur lui-même a dit que nous devons observer nos alliances par le sacrifice, tous les sacrifices que lui, le Seigneur, commandera (voir D&A 97:8). Le sacrifice que le Seigneur exige de nous c’est de nous dépouiller de « l’homme naturel » (Mosiah 3:19) et de toute méchanceté qui y est associée. Si nous nous abandonnons entièrement au Seigneur, il opérera alors un grand changement en nous et nous deviendrons une personne nouvelle, justifiée, sanctifiée et née de nouveau, avec notre visage empreint de son image (voir Mosiah 5:2 ; Alma 5:14 ; Moïse 6:59-60).

Comme en toutes choses, notre Seigneur et Sauveur a montré l’exemple suprême du sacrifice. Sa mission divine a atteint son summum lorsqu’il a donné sa vie pour notre rédemption. Par son sacrifice personnel, il nous a préparé le chemin pour que nous puissions obtenir le pardon de nos péchés et retourner auprès de notre Père.

Je suis aujourd’hui un témoin spécial de cet événement, qui est le plus unique de tous les temps. Je témoigne de la grande portée des effets de cette offrande, la plus sacrée de toutes. Un jour futur, dans une autre vie, quand notre raisonnement limité sera amplifié, nous comprendrons plus pleinement la puissance pénétrante de l’Expiation et nous serons encore plus remplis de gratitude, d’admiration, d’adoration et d’amour envers notre Sauveur, d’une manière impossible dans notre état présent.

Si j’ai une crainte, c’est que nous puissions être en train de nous écarter du principe du sacrifice. Ce principe est une loi de Dieu. Nous devons le comprendre et le mettre en pratique. Si être membre de l’Église devient trop facile, les témoignages perdront de leur profondeur et les racines du témoignage ne s’enfonceront plus dans la terre de la foi comme c’était le cas pour nos ancêtres pionniers. Puisse Dieu aider chacun de nous à comprendre la loi du sacrifice et nous convaincre qu’elle est nécessaire aujourd’hui. Il est extrêmement important que nous comprenions cette loi et la mettions en application dans notre vie.

Tiré d’un discours donné aux enseignants du Département d’Education de l’Église, à l’Université Brigham Young, le 13 août 1996.