J’étais en train d’assister à deux changements de cœur : le sien et le mien
Nous avons contacté Marie1, une membre inactive de l’Église depuis plusieurs années et l’avons invitée au temple. Cela a été assez compliqué de maintenir le contact avec elle par téléphone, donc nous étions un petit peu inquiets à l’idée d’avoir fait tout le trajet et qu’elle ne vienne pas…
Mais elle est venue.
Sa gentillesse et sa sensibilité m’ont vraiment marqué.
Nous avons fait le tour du centre des visiteurs. Pour une raison que je ne comprenais pas encore, pendant une partie du tour, aucun un mot ne sortait de ma bouche… Je priais pour savoir quoi dire, mais je sentais que je devais m’abstenir…
Nous sommes arrivés dans la salle où se trouve le Christus. Elle s’est assise, a regardé attentivement la statue du Christ et s’est mise à pleurer. Elle a exprimé de la gratitude pour ce moment ensemble et j’ai senti qu’elle était sur le point de partir.
J’ai eu le sentiment que je devais lui demander si nous pouvions faire quelque chose pour elle. Elle a commencé à nous raconter son histoire. Entre autres choses, elle nous expliqua qu’elle avait perdu ses parents et un frère d’une manière brutale. Elle se demandait ce qu’elle aurait pu mieux faire ou faire différemment. Elle regrettait son manque de patience et éprouvait de la culpabilité pour certaines choses…
Elle nous a ensuite dit que nous ne pouvions pas comprendre, car nous étions jeunes et innocents.
Puis, elle m’a regardé. J’avais les larmes aux yeux et des frissons, par compassion, admiration, mais surtout parce que je comprenais exactement sa douleur.
Alors que les autres s’éloignaient un peu, je lui ai dit qu’elle se trompait, que je comprenais ce qu’elle ressentait ; et je sais qu’elle a vu que je disais la vérité.
À ce moment-là, moi qui suis toujours resté pudique concernant ma vie privée, qui ai travaillé dur pour percer la carapace que je me suis construite, j’ai su que je devais partager une partie de mon histoire et mon témoignage, ce qui est sacré à mes yeux.
Je me suis alors souvenu de ce que j’avais senti le Seigneur me commander, juste après m’avoir appelé à partir en mission. Il m’avait dit qu’il fallait que j’ouvre mon cœur… et cela me faisait peur !
C’était aussi pour cette raison que j’avais les larmes aux yeux, car je savais que le Seigneur, avec tout son amour, m’avait préparé à vivre des moments de ce genre. Je savais que, plus cela serait dur pour moi de partager, plus les bénédictions seraient grandes !
La peur m’ayant quitté, je lui ai rendu mon témoignage sur l’Expiation du Sauveur, en lui montrant comment le Seigneur m’avait relevé et fortifié après la perte de certains de mes êtres chers.
Elle s’est ensuite confiée à moi, m’apprenant que les médecins lui avaient détecté une grave maladie qui l’empêchait aussi d’avoir l’enfant dont elle rêvait depuis plusieurs années.
Je continuais de prier le Seigneur pour qu’il m’aide.
Comment ? Je ne le savais pas. Mais je savais qu’il le ferait.
J’ai ensuite mieux compris le sens du mot consolateur. Tout à coup, ma tristesse pour elle se transforma en une force, une chaleur dans le cœur. Elle nous a demandé si nous pouvions faire une prière. Elle m’a demandé de l’offrir.
Je sentais exactement le même soutien et la même compassion que j’avais ressentis dans les moments les plus difficiles de ma vie, quelque chose dont je n’arrivais à réaliser ni l’ampleur ni la nature : j’étais en train d’assister à un double changement de cœur, le sien et le mien.
Une fois la prière faite, il y eut un long silence.
Nous l’avons ensuite raccompagnée à sa voiture. Arrivée devant la porte du centre, elle s’est arrêtée un moment… car elle consultait ses mails. Elle venait de recevoir les résultats des derniers examens médicaux qu’elle avait faits. Elle n’attendait pas ces résultats avant vendredi et nous étions mardi.
Elle était complètement guérie !!! Plus aucun signe de la maladie. Le Christ est un dieu de miracles !
Après avoir pleuré de douleur, elle pleurait désormais de joie, de gratitude, bénissant le nom de Dieu.
Inutile de vous dire que je pleurais aussi de gratitude, car je venais de voir deux miracles en très peu de temps. Le premier était celui que j’avais ressenti à l’intérieur de moi, me libérant d’une carapace que je portais depuis 11 ans et le second, celui qui allait changer la vie de Marie !
Elle est par la suite venue à l’Église et a pris rendez-vous avec l’évêque pour obtenir sa recommandation pour le temple. Son mari, un homme juste, est désormais plus enclin à recevoir la visite des missionnaires.
Mon cœur se réjouit extrêmement pour elle ! Ma joie est pleine !
Grâce au service d’une dizaine de missionnaires, ma famille est revenue à l’Église. Aujourd’hui, j’ai la possibilité d’exprimer ma gratitude en servant les personnes afin qu’elles viennent au Christ ou qu’elles reviennent à lui.
Doctrine et alliances 4:3 nous enseigne que chaque personne qui a le désir de servir est appelée à participer à l’œuvre du Seigneur.
Le Seigneur a besoin de ses missionnaires, maintenant plus que jamais !