2020
La barrière de pluie
Octobre 2020


MESSAGE DES DIRIGEANTS DE LA PRÊTRISE LOCAUX

La barrière de pluie

« Nous nous sommes arrêtés et avons attendu le temps nécessaire avant de pouvoir continuer notre voyage. On ne pouvait pas faire autrement. »

Pendant que je servais comme président de la mission de Mbuji-Mayi en République démocratique du Congo, de 2016 à 2019, je devais voyager sur des routes boueuses et sablonneuses pour atteindre certaines zones afin de tenir des conférences de zone et procéder à des entretiens avec les missionnaires toutes les six semaines – et avoir des réunions avec les dirigeants de district.

Dans un cas précis, j’avais voyagé de Mbuji-Mayi à Ngandajika, une ville située à 93 Km. La route reliant ces deux villes avait un tronçon construit en terre battue et un autre tronçon en sable. Le tronçon de route en terre battue était difficile à parcourir pendant la saison des pluies car il était toujours glissant.

Quand il pleuvait, cette route était fermée et la circulation ne pouvait reprendre que quatre heures après qu’il ait cessé de pleuvoir. Cette route était fermée par des barrières en métal avec un cadenas pour que personne ne puisse l’ouvrir avant ce temps prescrit. Ces barrières étaient appelées « barrières de pluie » et l’affiche était visible pour tout conducteur.

La raison évoquée pour fermer cette route était de la protéger des dommages et de s’assurer qu’elle dure longtemps – car si un véhicule passait immédiatement après la pluie et avant ces quatre heures, la route pouvait se dégrader et devenir non seulement impraticable mais aussi dangereuse pour les voyageurs. Ces quatre heures permettaient à ce que l’eau s’infiltre complètement dans la terre afin que la route demeure praticable pour l’intérêt de tous les voyageurs.

Lors de ce voyage particulier à Ngandajika, la pluie nous a surpris sur cette route, et lorsque nous sommes arrivés à la barrière, elle était déjà fermée. Nous avons dû attendre, et nous avons connu, pour la première fois, l’impact de cette barrière de pluie sur notre trajet. Nous nous sommes arrêtés et avons attendu le temps nécessaire avant de pouvoir continuer notre voyage. On ne pouvait pas faire autrement.

Cette expérience m’a permis de réfléchir sur les principes de l’Évangile et les enseignements des prophètes, et de mieux comprendre comment ils s’appliquent à nous-mêmes dans des circonstances particulières. De cet évènement, j’ai tiré beaucoup de leçons, mais je vais partager avec vous trois principes de l’Évangile que j’ai dû appliquer et qui m’ont permis d’accomplir ma tâche. Il s’agit de « la patience, la persévérance et la diligence ».

La patience

Il fallait attendre pendant quatre heures, après la fin de la pluie, pour continuer notre voyage. Je n’avais pas le choix si je voulais aller jusqu’à destination et réaliser ce que j’avais planifié. Je devais absolument être patient.

J’étais patient envers moi-même vis-à-vis de cette difficulté liée à ma vie missionnaire – étant donné que je devais aller rencontrer les missionnaires et accomplir mon devoir en tant que président de mission. Le Livre de Mormon nous donne l’exemple d’Alma et des fils de Mosiah qui affrontèrent la réalité dans leur propre vie missionnaire :

« Et le Seigneur leur dit aussi : Allez parmi les Lamanites, vos frères, et établissez ma parole ; néanmoins, vous serez patients et longanimes dans les afflictions, afin de leur donner le bon exemple en moi, et je ferai de vous un instrument entre mes mains pour le salut de beaucoup d’âmes » (Alma 17:11).

Quelles que soient les afflictions ou les difficultés liées à notre appel ou à notre service dans le royaume de Dieu, la patience est requise de nous.

Cette patience se situe à deux niveaux : la patience envers soi-même et la patience envers les autres.

La patience envers moi-même veut dire avoir la capacité d’attendre pendant quatre heures sans me mettre en colère et sans être contrarié. Il ne me suffisait pas seulement d’attendre pendant ce temps tout en étant énervé à cause de cette mesure qui mettait en péril tout mon programme de réunions. Je devais garder le calme dans mon cœur et continuer à exprimer la joie de l’Évangile sur mes lèvres et sur mon visage. Je devais maîtriser ce sentiment personnel qui nous arrive parfois et qui nous fait penser que nous sommes incapables de surmonter une faiblesse, ou qui nous amène à nous sous-estimer à cause d’un déplaisir, d’une difficulté ou d’un échec dans la vie.

Ainsi, la vie sur terre est parsemée d’épreuves, d’afflictions et de déceptions. Toutes ces choses mettront notre patience à l’examen. Mais l’Évangile de Jésus-Christ et les enseignements des prophètes nous enseignent et nous encouragent à être patient envers nous-même.

Lorsque le temps d’ouvrir la barrière était arrivé et que le gardien de la clé trainait à venir, quelques voyageurs qui attendaient aussi comme nous s’étaient mis en colère contre lui et avaient élevé même la voix pour le réprimander.

J’ai compris que nous devrions également être patients envers lui, et envers les autres en général. Il faut appliquer de la patience devant leurs actes qui nous blessent. Être patient devant les faiblesses, les défauts et les imprudences des autres ; être patient vis-à-vis – des efforts des autres dans leur responsabilité respective comme le Seigneur est autant patient avec nous tous.

La persévérance

En imaginant et en réfléchissant sur l’état de la route et les difficultés d’y voyager pendant la saison de pluie, nous pouvions avoir peur et être découragés.

Mais grâce aux enseignements de l’Évangile tels que repris dans les Écritures, nous avons eu de la force : « Car ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné, mais un esprit de force… » (2 Timothée 1:7).

« Frères, ne persévérerons-nous pas dans une si grande cause ? Allez de l’avant et pas en arrière. Courage, frères ; et en avant, en avant, vers la victoire… ! » (Doctrines et Alliances 128:22)

James E. Faust a dit : « Les personnes qui continuent à avancer lorsque la situation devient difficile, qui n’abandonnent pas même lorsque les autres disent : ‘C’est impossible’ font preuve de persévérance. »1.

C’est de cette persévérance dont j’avais besoin pour continuer sur le chemin de Ngandajika en dépit de l’état difficile de la route. J’y suis parvenu pendant toute la durée de ma mission.

La diligence

« Le seigneur attend de vous que vous travailliez diligemment, de manière persistante et avec beaucoup d’efforts et de soin…

« Concentrez-vous sur les choses les plus importantes et évitez de gaspiller du temps… Planifiez votre temps avec régularité et efficacité »2.

Dans Doctrine et Alliances 88:119, nous lisons : « Organisez-vous, préparez tout ce qui est nécessaire… ».

Les heures gâchées à la barrière de pluie avaient un impact sur notre programme de réunions et d’activités. Il fallait savoir comment réorganiser les choses dans le temps restant sans altérer la qualité de la formation ou des réunions prévues. Il fallait faire l’essentiel tout en atteignant l’objectif initial.

Il n’était plus nécessaire de regretter le temps passé ou perdu mais il fallait, de manière efficace, se réorganiser et se concentrer sur ce qui est plus important. Le grand moyen est celui de se reposer sur le Saint-Esprit et écouter les doux murmures afin de savoir quoi faire et comment le faire. Il s’agit de recevoir la révélation de Dieu. C’est pourquoi, si nous sommes suffisamment préparés, nous ne craindrons rien, et si nous sommes dignes, le Saint-Esprit sera notre compagnon constant.

Notre cher prophète, le président Russell M. Nelson, a dit : « Je vous demande de faire tout ce qui est nécessaire pour accroître votre aptitude spirituelle à recevoir des révélations personnelles.

« Cela vous aidera à savoir comment aller de l’avant dans la vie, quoi faire dans les moments de crise, et comment discerner et éviter les tentations et les tromperies de l’adversaire »3.

Cette invitation est valable pour toutes les situations difficiles.

Il est vrai que « toute victoire et gloire se réalisent pour vous par votre diligence… » (Doctrine et Alliances 103:36).

Je sais que la patience, la persévérance, la diligence et tant d’autres vertus chrétiennes sont utiles pour l’homme dans sa marche dans ce monde mortel afin d'être capable de faire face aux réalités difficiles de la vie et pour se qualifier à vivre avec notre Père céleste dans sa gloire éternelle.

Alfred Kyungu a été appelé comme soixante-dix d’interrégion en octobre 2019. Il est marié à Lucie Kabulo et ils ont trois enfants. Frère et sœur Kyungu résident à Kinshasa (République démocratique du Congo).

Reférénces

  1. James E. Faust, « La persévérance », Le Liahona, mai 2005 ; Conférence générale, avril 2005.

  2. Prêchez mon Évangile, page 121.

  3. Russell M. Nelson, « Hear Him », Le Liahona, mai 2020 ; Conférence générale, avril 2020.