2020
Les miracles ne sont pas confinés
Août 2020


Œuvre missionnaire

Les miracles ne sont pas confinés

Je suis membre de l’Église et je viens de Polynésie française. Avant d’être appelé à servir dans la mission française de Lyon, j’étais étudiant et souhaitais me préparer à mon futur métier d’électricien. Même si l’Église à Tahiti est solidement implantée depuis des années, chacun doit œuvrer pour acquérir son témoignage et servir fidèlement. J’ai dû faire mon propre cheminement spirituel pour décider de me faire baptiser.

Il y a quelques mois, quand j’ai commencé à préparer mon dossier pour faire une mission à plein temps, mes parents m’ont témoigné que le Seigneur allait inspirer ses dirigeants pour que je sois appelé en France métropolitaine. J’ai une petite sœur, qui a été adoptée quand elle était bébé par une famille française, et nous étions sans nouvelle d’elle depuis plus de seize ans. Mes parents avaient cette foi inébranlable que l’appel viendrait et que je pourrais retrouver ma sœur.

Le jour où mon appel missionnaire est arrivé, je fus le seul à être surpris. J’étais appelé à servir en tant que missionnaire à plein temps en France métropolitaine. Mes parents étaient tellement heureux ! Dans les jours qui ont suivi ce moment spécial pour notre famille et pour moi, j’ai beaucoup médité sur ce que mes parents m’avaient dit durant toute ma préparation : « Tu vas retrouver ta sœur et notre petite fille. Le Seigneur va guider tes pas. »

Le jour du départ est finalement arrivé, j’ai effectué ma formation au CFM de Preston en Angleterre pendant seulement trois semaines, puis je suis entré dans le champ de la mission. Mon premier jour à Lyon, mon président m’a donné mon affectation. J’ai aussi fait connaissance du missionnaire qui serait mon formateur. J’étais affecté à Bayonne près de la frontière espagnole. Le jour de mon départ, les trains ne circulaient pas, je ne pouvais donc pas rejoindre mon premier secteur. Je devais attendre une journée supplémentaire et prendre le train le jour suivant. Comme nous devions rester à Lyon, mon collègue m’a proposé d’aller faire du prosélytisme dans le centre-ville de Lyon.

À la sortie du métro, nous avons pris contact avec trois jeunes dans la rue. Je me suis présenté, j’ai expliqué d’où je venais et ce que je faisais en France. Une des jeunes adultes m’a demandé alors de répéter d’où je venais. J’ai répondu : « De Tahiti » !!! Elle m’a alors posé beaucoup d’autres questions. Elle m’a dit qu’elle aussi était originaire de Tahiti, mais qu’elle avait été adoptée bébé par des Français de métropole. Je lui ai demandé quel était son nom. Quand elle l’a prononcé, j’ai commencé à pleurer, parce que j’ai tout de suite su que c’était ma petite sœur. Seize années s’étaient écoulées sans aucune nouvelle, plus d’adresse, un appel en mission, une affectation à Bayonne, un train annulé et j’étais en face d’elle ! Je lui ai dit : « Je suis ton grand frère ».

Ce fut vraiment un grand moment de joie et d’amour pur. Je l’ai spontanément prise dans mes bras, à la grande surprise de mon collègue qui se demandait ce qu’il se passait. J’ai pris ses coordonnées et ai voulu partager ce grand miracle avec ma petite famille à Tahiti. Ils étaient tous tellement heureux et reconnaissants de la tendre miséricorde du Seigneur envers tous ses enfants ! Depuis ce jour, j’ai transmis la référence de ma sœur aux missionnaires de sa ville de résidence. Ce jour-là, ma sœur était en visite à Lyon, elle habite à Rouen. Depuis, elle suit les leçons avec les missionnaires à plein temps. Elle n’avait jamais connu l’Église ni l’Évangile avant notre rencontre.

L’histoire aurait été déjà miraculeuse en s’arrêtant là, si le Seigneur ne m’avait pas encore réservé un autre miracle dans mon nouveau secteur. Une famille de notre paroisse à Lyon a vu leur fille revenir prématurément de sa mission à Tahiti. Avec une vingtaine d’autres missionnaires français, elle a été rapatriée par l’Église à cause du coronavirus. Cela a été difficile pour elle de quitter notre petit paradis au sein des îles du Pacifique, les membres et les amis laissés sur place, sans savoir si elle allait y retourner. Elle ne savait pas que le Seigneur tisse des liens invisibles entre ses enfants pour leur salut éternel.

Après quelques semaines de confinement, elle a reçu une nouvelle affectation dans la mission française de Paris. Quand j’ai su qu’elle allait à Rouen, j’ai vu à nouveau la main du Seigneur dans ma vie, dans celle de ma famille et surtout dans celle de ma petite sœur. Comme les guerriers d’Hélaman, je peux dire que je sais que ma mère et mes parents le savaient. Dieu n’oublie aucun de ses enfants.

Le miracle s’est produit en de nombreuses étapes. Premièrement, j’ai été appelé dans la « bonne mission », j’ai retrouvé ma petite sœur le « bon jour », dans un secteur qui n’était pas le mien, alors qu’elle n’était pas à son domicile. Deuxièmement, ma petite sœur est de l’autre côté de la France, je ne peux pas servir dans cette mission, mais le Seigneur a trouvé une autre missionnaire partie de Tahiti et qui va instruire une Tahitienne à Rouen.

Je sais que d’autres miracles sont à venir. Ma petite sœur est retrouvée. Elle n’avait jamais été perdue pour le Seigneur. En son temps et à sa manière, il accomplit son œuvre grande et merveilleuse pour chacun de ses enfants individuellement et personnellement. Dieu vit, son Évangile est rétabli, il nous demande simplement de répondre à son appel : « Viens et suis-moi. »