2018
4 ème partie : Des jeunes saints des derniers jours américains, soldats en France
Septembre 2018


Histoire de l’Église en France

4 ème partie : Des jeunes saints des derniers jours américains, soldats en France

Suite d’une série de six articles sur la mission française avant, pendant et après la Première Guerre mondiale (1912 à 1928).

Il est difficile d’évaluer le nombre des jeunes mormons qui ont servi en France, mais les archives nous révèlent quelques portraits :

June B. Sharp1

Enrôlé dans l’armée américaine le 1er novembre 1917 et formé pendant quelques semaines, le jeune June Bennion Sharp débarque à Bordeaux le 10 février 1918, au Camp de Souge. En juillet, il part avec sa compagnie pour le front de la Marne. Les soldats commencent à creuser des tranchées. Les échanges de tirs se succèdent. Ils voient les réfugiés s’enfuir, l’infanterie française qui se rapproche, des prisonniers allemands ramenés vers l’arrière. Les tanks français sont aussi présents.

Grâce à son journal, nous le suivons tout le mois d’août 1918 : dans l’Aisne (à 11 km de Château­Thierry), la Marne (La Forestière), l’Aube (Méry-sur­Seine), la Haute­Marne (St.­Dizier), enfin la Meuse durant l’offensive de Meuse-Argonne.

Les 12 et 13 septembre, le soldat Sharp se trouve au cœur des combats de ce qu’on a appelé la bataille de Saint-Mihiel. Avec l’arrivée de l’American Expeditionary Force (AEF), et ses 216 000 soldats dirigés par Pershing, les combats commencent. La bataille est un succès dès le 13 septembre. Les troupes allemandes battent en retraite.

Il remportera une médaille pour sa participation aux combats. Chacune des barrettes correspond à une bataille : « Champagne­Marne », « Aisne-Marne », « St.-Mihiel », « Meuse­Argonne », « Defensive Sector ». En fait, le « Private » June B. Sharp, a fait partie de l’artillerie, « Battery A, 148 F. A. », qui a utilisé le « Gila Monster2 », une pièce d’artillerie qui joua un rôle essentiel.

Delwyn Thomas

Étudiant boursier à Oxford, il sentit le besoin de s’enrôler en France, mais dans une unité non­combattante puisque les États-Unis ne sont pas encore entrés en guerre. Il s’engage dans les Ambulances américaines de la Croix Rouge. Il est, lui aussi, « en Champagne ». Il décrit les combats, les régiments français, les « tirailleurs » marocains.

Il décrit aussi les difficultés de son rôle d’ambulancier : « Le vrai défi c’est de piloter la voiture avec trois hommes méchamment blessés… lors d’une sombre nuit sans lune, sans aucune lumière, sur des routes défoncées par le trafic nocturne, les éclats d’obus, difficilement réparables sous l’œil attentif des soldats allemands. On sait que le moindre écart est douloureusement ressenti par les blessés dans le véhicule et qu’une secousse violente pourrait les tuer… Tout ce qu’on peut faire c’est de… prier3 ! »

Il décrit ainsi les soldats français : « J’aimerais plutôt vous donner quelques impressions du « poilu » français (le soldat français) que j’ai recueillies pendant les dix derniers mois d’un contact personnel avec lui… J’ai peur que trop d’entre nous [aux États-Unis] voit en lui une personne à la moralité relâchée, un décadent adonné aux excès de la vie noctambule de Paris. En fait, le contraire est plus près de la vérité. Il est vrai qu’il boit rarement de l’eau, si ce n’est dans la soupe. On lui donne du vin et du café dans ses rations et, en temps de paix, ce sont ses boissons quotidiennes. De fait, l’eau dans les campagnes françaises n’est pas potable ». Cependant, il est « sociable et fraternel », toujours prêt à engager la conversation.

Notes

  1. June Bennion Sharp vient de Salt Lake City, en Utah. Ces renseignements sont tirés de son journal personnel rédigé durant ses combats dans les différentes offensives de la 1re Guerre mondiale, en 1918 et 1919.

  2. Les informations sur l’équipe des artilleurs et la pièce d’artillerie « Gila Monster », sont tirées d’un article qu’il envoya au Deseret Evening News, et qui fut publié le 3 mai 1919.

  3. « Our Boys in France », lettre du 22 juin 1917, p. 559-60.