2018
2ème partie : La fermeture et l’évacuation des missionnaires (1914)
Juillet 2018


2ème partie : La fermeture et l’évacuation des missionnaires (1914)

Edgar Brossard, missionnaire appelé comme président de la mission française en 1912, fut relevé le 9 mai 1914. Il expliqua : « J’ai été relevé… juste avant le début de la Première Guerre mondiale. Certains en Europe ne pensaient pas qu’il y aurait la guerre mais je le savais… J’ai essayé d’avertir les Français… Quand l’Allemagne attaqua, les Français n’étaient pas prêts du tout1. »

L’apôtre Hyrum M. Smith2, fils du président Joseph F. Smith, était en Allemagne lors de la déclaration de guerre. Il écrivit : « Cinq des plus grandes nations chrétiennes sont maintenant en guerre entre elles. [Leurs habitants] prient une même divinité pour que celle-ci soit favorable à leurs armées, leur donne la victoire et mène à la défaite, à la honte et à la ruine de leurs ennemis chrétiens. Il semble que Dieu soit dans une bien étrange situation. Qui entendra-t-il et à qui ira sa faveur ? Au Kaiser d’Allemagne ? Au Tsar de Russie ? Au Roi d’Angleterre ? À l’Empereur d’Autriche ? Au Président de la France ? À quelle mère, épouse ou sœur des différentes nations qui offrent des prières ferventes au bénéfice d’un fils, d’un mari, d’un frère, engagés à se tuer les uns les autres répondra-t-il3 ? »

Les missionnaires en France furent pris dans la tourmente. À Lille, deux d’entre eux, Hans Arthur Davidson et Benjamin F. Hulme, écrivirent dans leur journal4 :

1er août 1914 : (H) « L’esprit de guerre est trop présent… Un policier voulait nous renvoyer aux États-Unis mais a fini par se convaincre qu’il n’y parviendrait pas… La guerre semble maintenant imminente5. »

2 août : (D) « La France a commencé à mobiliser ses troupes6. »

3 août : (H) « Les quelques personnes qui sont venues aux réunions cet après-midi étaient très tristes… Nous avons appris aujourd’hui que tous les étrangers qui n’étaient pas allés à la police seraient arrêtés demain comme espions… Lille a été placée sous la loi martiale aujourd’hui. »

11 août : (H) « Un policier qui voulait voir nos papiers est entré. Il a pris mon passeport et la lettre de la police de frère Davidson… Vingt minutes plus tard, il est revenu et nous a rendu nos papiers en disant qu’on nous avait signalés comme étrangers dans Lille et qu’il avait été envoyé pour nous suivre. Il nous a serré la main et est parti. »

24 août : (D) « Nous avons reçu une lettre du président Howells ce matin nous disant de quitter Lille aussitôt que possible. »

Comme les trains étaient tous réquisitionnés pour les troupes, ils ont pris une voiture, puis un train à Béthune, de là à Abbeville, Amiens et Rouen. Benjamin Hulme : « Pendant la nuit, nous avons vu passé un train plein de soldats anglais blessés… » Ils ont croisé des centaines de réfugiés : « des femmes seules avec plusieurs enfants, des femmes et des hommes âgés, tous allongés sur le sol, essayant de se reposer ». Enfin, le 26 août, ils ont rejoint Paris. Certains finiront leur mission dans les Îles britanniques ou au Canada, d’autres rentreront chez eux.

Joseph F. Smith rappela : « Il n’y a qu’une chose qui puisse apporter la paix dans le monde. C’est l’adoption de l’Évangile de Jésus-Christ, bien compris, respecté et pratiqué aussi bien par les dirigeants que par le peuple. » Il a ajouté qu’un jour on « jugera la guerre comme crime contre le genre humain, et les fauteurs de guerre comme criminels7 ».

Notes

  1. Hyrum M. Smith a été ordonné apôtre le 24 octobre 1901.

  2. Hyrum Mack Smith (1872-1918), Diaries 1913-1916, MS 5842, CHA.

  3. Hyrum Mack Smith, Op. Cit.

  4. La lettre D correspond au journal de Davidson et la lettre H au journal de Hulme.

  5. Benjamin F. Hulme, Journal de mission, 1914-1916, copie en possession de l’auteur, communiqué par Laura Hulme Harmon, sa petite-fille, que nous remercions.

  6. Hans David Hans Arthur Davidson, Papers 1913-1915, MS 18330.

  7. Joseph F. Smith, Gospel Doctrine, Deseret Book Co., SLC, 5e édition, 1939, p. 421.