2004
Votre influence personnelle
mai 2004


Votre influence personnelle

Si nous suivons cet homme de Galilée, notre Seigneur Jésus-Christ, notre bonne influence personnelle se fera sentir, où que nous soyons, quel que soit notre appel.

Mes chers frères et sœurs, vous que je vois et vous qui êtes assemblés partout ailleurs dans le monde, je vous demande de prier pour moi et d’exercer votre foi pendant que je m’acquitte de la tâche et que j’ai l’honneur de m’adresser à vous.

Il y a plus de quarante ans, quand le président McKay m’a appelé au Collège des douze apôtres, il m’a chaleureusement accueilli par un sourire sincère et m’a tendrement serré dans ses bras. Entre autres sages conseils qu’il m’a donnés, il a déclaré : « Il y a une responsabilité à laquelle personne ne peut échapper, C’est celle de l’influence qu’il a sur les autres. »

L’appel des premiers apôtres était le reflet de l’influence du Seigneur. Quand il recherchait un homme de foi, il ne le choisissait pas parmi la foule des pharisiens sûrs de leur vertu qui se trouvaient régulièrement dans la synagogue. Il l’appelait plutôt parmi les pêcheurs de Capernaüm. Pierre, André et Jean ont entendu son appel : « Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes1. » Simon, homme plein de doute, est devenu Pierre, apôtre plein de foi.

Quand le Sauveur a dû choisir un missionnaire zélé et à la parole puissante, il l’a trouvé non parmi ses défenseurs mais parmi ses adversaires. Saul de Tarse, le persécuteur, est devenu Paul le convertisseur. Le Rédempteur a choisi des hommes imparfaits pour enseigner le chemin de la perfection. Il l’a fait alors, comme il le fait maintenant.

Il nous appelle, vous et moi, à le servir ici-bas et nous met au travail qu’il veut que nous accomplissions. L’engagement est total. Il n’y a pas de cas de conscience.

Si nous suivons cet homme de Galilée, notre Seigneur Jésus-Christ, l’influence que nous aurons se fera sentir et sera bonne, où que nous soyons, quel que soit notre appel.

La tâche qui nous est confiée peut paraître insignifiante, inutile et peut passer inaperçue. Certains peuvent avoir la tentation de poser la question :

« Père, où irai-je travailler aujourd’hui ?

Mon amour brûlant me donnait des ailes.

Il indiqua alors une toute petite parcelle

Et dit : ‘Occupe-toi de celle-ci, je te prie.’

Aussitôt je répondis : ‘Oh non, pas celle-là !

Jamais personne ne la verra,

Même si je fais un excellent travail.

Ne me confie pas cette parcelle.’

À l’instant, sans la moindre sévérité, il répondit :

‘Travailles-tu pour eux ou pour moi ?

Nazareth n’était qu’une petite ville,

Ainsi que la Galilée2.’ »

La famille est l’endroit idéal pour enseigner. C’est aussi le laboratoire où l’on apprend. La soirée familiale peut aider chaque membre à progresser spirituellement.

« Le foyer est la base d’une vie juste et rien d’autre ne peut le remplacer ni remplir ses fonctions essentielles3. » Cette vérité a été enseignée par de nombreux présidents de l’Église.

C’est au foyer que le père et la mère peuvent enseigner la prévoyance à leur enfants. Le partage des tâches et l’aide mutuelle servent de modèles aux familles futures des enfants quand ils grandissent, se marient et quittent leur foyer. Les leçons apprises au foyer sont celles que l’on retient le plus longtemps. Gordon B. Hinckley continue de souligner qu’il faut éviter les dettes inutiles, l’illusion de vivre au-dessus de ses moyens et la tentation de laisser ses désirs devenir un besoin.

L’apôtre Paul a exhorté son ami Timothée, en lui donnant le conseil qui permettra à notre influence personnelle de trouver place dans le cœur des personnes que nous fréquentons : « Sois un modèle pour les fidèles, en parole, en conduite, en charité, en foi, en pureté4. »

Quand j’étais jeune, notre famille habitait dans la sixième-septième paroisse du pieu de Pioneer. Les membres de cette paroisse étaient des personnes de passage, ce qui entraînait le changement fréquent des instructeurs de l’École du Dimanche. Nous, les jeunes, venions à peine de faire la connaissance d’un instructeur et commencions à peine à l’apprécier que le surintendant de l’École du Dimanche venait en classe pour nous en présenter un nouveau. Chaque élève était déçu et il en résultait des problèmes de discipline.

Entendant la réputation désagréable de notre classe, les personnes pressenties pour ce poste déclinaient de bonne grâce de servir ou proposaient d’instruire une autre classe dont les élèves étaient plus dociles. Nous nous réjouissions de notre nouveau statut et étions décidés à être à la hauteur de la peur des instructeurs.

Un dimanche matin, une adorable jeune femme est entrée dans notre classe avec le surintendant qui nous l’a présentée comme une instructrice qui avait demandé à nous instruire. Nous avons appris qu’elle avait été missionnaire et qu’elle aimait les jeunes. Elle s’appelait Lucy Gertsch. Elle était belle, avait une voix douce et s’intéressait à nous. Elle a demandé à chaque élève de se présenter puis elle a posé des questions qui lui permettaient de comprendre le cadre de vie de chacun. Elle nous a parlé de son enfance à Midway, en Utah, et lorsqu’elle a décrit cette belle vallée, elle nous en a fait ressentir la beauté et souhaiter aller voir les vertes prairies qu’elle aimait tant.

Quand Lucy enseignait, les Écritures prenaient vie. Nous avons fait personnellement connaissance avec Samuel, David, Jacob, Joseph Smith et avec le Seigneur Jésus-Christ. Notre connaissance de l’Évangile s’est développée. Notre comportement s’est amélioré. Notre amour pour Lucy Gertsch n’avait pas de limite.

Nous avions mis sur pied un projet pour lequel nous épargnions nos petites pièces de monnaie pour faire une fête de Noël gigantesque. Sœur Gertsch suivait avec soin notre progression. Nous, garçons naturellement dotés d’appétit, nous convertissions mentalement le total de l’argent en gâteaux, en sucreries, en tartes et en glaces. La fête allait être formidable. Aucun de nos instructeurs d’avant n’avait même émis l’idée qu’il fallait avoir une fête comme celle-là.

Les mois d’été ont passé ; l’automne est arrivé. L’automne a fait place à l’hiver. Nous avions atteint le but de notre projet de fête. La classe avait progressé. Il y régnait un bon esprit.

Aucun d’entre nous n’oubliera jamais le dimanche matin gris où notre instructrice bien-aimée nous a annoncé que la mère d’un de nos camarades venait de mourir. Nous avons pensé chacun à notre mère et à ce qu’elle représentait pour nous. Nous étions sincèrement tristes pour Billy Devenport, qui venait de perdre quelqu’un qu’il aimait tant.

La leçon de ce jour-là était tirée du livre des Actes, chapitre 20, verset 35 : « Il faut… se rappeler les paroles du Seigneur, qui a dit lui-même : Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. » À la fin de cette leçon bien préparée, Lucy Gertsch a parlé de la situation financière de la famille de Billy. C’était pendant la Grande Dépression et il n’y avait pas beaucoup d’argent. Un éclair dans les yeux, elle a demandé : « Aimeriez-vous suivre cet enseignement de notre Seigneur ? Que diriez-vous de prendre l’argent prévu pour la fête et de le donner aux Devenport, de la part de la classe, pour exprimer notre amour ? » La décision a été unanime. Nous avons compté chaque sou avec grand soin et avons placé le tout dans une grande enveloppe. Une belle carte a été achetée sur laquelle nos noms ont été écrits.

Ce geste simple de bonté nous a tous soudés. Nous avons appris par expérience personnelle que, véritablement, il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir.

Les années se sont envolées. La vieille église a disparu, victime de l’industrialisation. Les garçons et les filles qui ont appris, ont ri, ont progressé sous la direction de cette instructrice inspirée de la vérité n’ont jamais oublié son amour ni ses leçons. Sa bonne influence a fait des émules.

Spencer W. Kimball, qui est décédé, a été une Autorité générale dont l’influence a été largement ressentie. Il a vraiment fait changer les choses dans la vie d’innombrables personnes.

Un jour, quand j’étais évêque, le téléphone a sonné, c’est Spencer W. Kimball qui appelait. Il a dit : « Frère Monson, dans votre paroisse, il y a un parc de caravanes et dans une petite caravane de ce parc, la plus petite de toutes, se trouve une gentille veuve navajo, Margaret Bird. Veuillez demander à votre présidente de la Société de Secours de lui rendre visite et de l’inviter à venir à la Société de Secours avec les sœurs. » Nous l’avons fait. Margaret Bird est venue et a reçu un accueil chaleureux.

Une autre fois, frère Kimball a rappelé, disant : « Frère Monson, j’ai appris que deux jeunes Samoiens vivent dans un hôtel du centre-ville. Ils vont avoir des ennuis. Voulez-vous faire d’eux des membres de votre paroisse ? »

J’ai trouvé ces deux garçons, assis à minuit sur les marches de l’hôtel, en train de jouer de l’ukulélé et de chanter. Ils sont devenus membres de notre paroisse. Par la suite, chacun d’eux s’est marié au temple et a servi vaillamment. Ils ont eu une grande influence bénéfique.

Au début de mon appel d’évêque, je me suis rendu compte que les rapports d’abonnement au magazine de la Société de Secours de la six-septième paroisse indiquaient une baisse. En nous aidant de la prière, nous avons analysé les noms de personnes que nous pourrions appeler comme représentantes du magazine. L’inspiration nous a dicté qu’Elizabeth Keachie devait avoir cet appel. Étant son évêque, je lui ai présenté cette tâche. Elle a répondu : « Frère, je le ferai. »

Elizabeth Keachie était d’origine écossaise et quand elle répondait : « Je le ferai », on savait qu’elle tiendrait parole. Sa belle-sœur, Helen Ivory, et elle, toutes les deux pas plus grandes qu’un mètre cinquante, ont commencé à aller, à pied, de maison en maison, de rue en rue et de pâté de maisons en pâté de maisons. Le résultat a été phénoménal. Nous avions plus d’abonnements au magazine de la Société de Secours que n’en avaient toutes les autres unités du pieu réunies.

J’ai félicité Elizabeth Keachie un dimanche matin et je lui ai dit : « Vous avez accompli votre tâche. »

Elle a répondu : « Pas encore, frère. » Il y a deux pâtés de maisons que nous n’avons pas encore faits. »

Quand elle m’a dit de quels pâtés de maisons il s’agissait, j’ai répondu : « Oh, sœur Keachie, personne n’y habite. Ce ne sont que des entreprises. »

Elle a dit : « Quand même. Je me sentirai mieux si Nell et moi nous allons vérifier nous-mêmes. »

Par un jour pluvieux, Nell et elle ont fait ces deux derniers pâtés de maisons. Dans le premier, elles n’ont trouvé aucune maison, ni dans le deuxième. Cependant, sœur Ivory et elle ont réfléchi en passant devant une allée, boueuse à cause d’un orage récent. Sœur Keachie a regardé à une trentaine de mètres au fond de l’allée qui longeait un commerce de machines et elle a remarqué un garage. Mais ce n’était pas un garage comme les autres parce qu’il y avait un rideau à la fenêtre.

Sœur Keachie s’est tournée vers sa compagne et a dit : « Nell, est-ce que nous y allons pour voir ? »

Les deux gentilles sœurs ont parcouru une dizaine de mètres dans cette allée boueuse jusqu’à un endroit d’où on pouvait voir tout la garage. Elle ont alors remarqué une porte qui avait été percée dans le côté du garage et que l’on ne pouvait pas voir de la rue. Elles ont aussi remarqué qu’il y avait une cheminée d’où s’échappait de la fumée.

Elizabeth Keachie a frappé à la porte. Un homme de soixante-huit ans, William Ringwood, a répondu. Elles ont ensuite raconté leur histoire disant que chaque foyer devait avoir le magazine de la Société de Secours. William Ringwood a répondu : « Vous feriez mieux de demander à mon père. » Charles W. Ringwood, qui avait quatre-vingt-quatorze ans, est alors venu à la porte et a aussi écouté le message. Il s’est abonné.

Elizabeth Keachie m’a fait part de la présence de ces deux hommes dans notre paroisse. Quand j’ai demandé leurs certificats de membre au siège de l’Église, j’ai reçu un appel du département de la population au bureau de l’Épiscopat président. Le greffier a dit : « Êtes-vous sûr que vous avez Charles W. Ringwood dans votre paroisse ? »

J’ai répondu que oui, ce à quoi ma correspondante a répondu que son certificat de membre était dans le dossier « Perdu et inconnu » du bureau de l’Épiscopat Président depuis seize ans.

Le dimanche matin, Elizabeth Keachie et Nell Ivory ont amené Charles et William Ringwood à notre réunion de la prêtrise. C’était la première fois depuis de nombreuses années qu’ils revenaient dans une église. Charles Ringwood était le diacre le plus âgé que j’aie rencontré. Son fils était le frère le plus âgé que j’aie rencontré qui ne détenait pas la prêtrise.

J’ai eu l’occasion d’ordonner Charles Ringwood à l’office d’instructeur puis de prêtre et enfin d’ancien. Je n’oublierai jamais son entrevue pour obtenir une recommandation à l’usage du temple. Il m’a donné un dollar d’argent qu’il avait pris dans une vieille bourse de cuir usé, et a déclaré : « Voici mon offrande de jeûne. »

J’ai répondu : « Frère Ringwood, vous n’avez pas à payer d’offrande de jeûne. Vous en avez besoin vous-même. »

Il a répliqué : « Je veux recevoir les bénédictions, pas garder l’argent. »

J’ai eu l’honneur d’emmener Charles Ringwood au temple de Salt Lake City et d’assister avec lui à la session de dotation.

Quelques mois plus tard, Charles W. Ringwood est décédé. À son service funèbre, j’ai remarqué sa famille assise dans les premiers rangs de la chapelle mortuaire mais j’ai aussi remarqué deux gentilles femmes assises vers le fond de la salle : Elizabeth Keachie et Helen Ivory.

Pendant que je regardais ces deux femmes fidèles et dévouées et que je méditais sur leur bonne influence, la promesse du Seigneur a rempli mon âme : « Moi, le Seigneur, je suis miséricordieux et bienveillant envers ceux qui me craignent et me réjouis d’honorer ceux qui me servent en justice et en vérité jusqu’à la fin. Grande sera leur récompense et éternelle leur gloire5. »

Il y a un être, par dessus tous les autres, dont la bonne influence couvre les continents et les océans et pénètre dans le cœur des vrais croyants. Il a expié les péchés du genre humain.

Je témoigne qu’il enseigne la vérité mais qu’il est plus qu’un instructeur. Il est l’exemple de la vie parfaite mais il est plus qu’un exemple. Il est le Grand Médecin mais il est plus que cela. Il est véritablement le Sauveur du monde, le Fils de Dieu, le Prince de la paix, le Saint d’Israël, le Seigneur ressuscité, qui a déclaré : « Je suis Jésus-Christ, dont les prophètes ont témoigné qu’il viendrait au monde… Je suis la lumière et la vie du monde6. » « Je suis le premier et le dernier ; je suis celui qui vit, je suis celui qui fut immolé ; je suis votre avocat auprès du Père7. »

Moi, son témoin, je vous atteste qu’il vit ! En son nom sacré, en nom de Jésus-Christ, le Sauveur. Amen.

Notes

  1. Matthieu 4:19.

  2. Meade MacGuire, « Father, Where Shall I Work Today? », Best-Loved Poems of the LDS People, compilé par Jack M. Lyon et autres, 1996, p. 152.

  3. Lettre de la Première Présidence du 11 février 1999 ; citée dans Le Liahona de décembre 1999, p. 1.

  4. 1 Timothée 4:12.

  5. D&A 76:5-6.

  6. 3 Néphi 11:10-11.

  7. D&A 110:4.