Conférence générale
De grandes faveurs du Seigneur
Conférence générale d’octobre 2020


De grandes faveurs du Seigneur

Les moments d’affliction et de déception ne changent pas le regard vigilant et favorable que le Seigneur pose sur nous ni les bénédictions qu’il nous accorde.

Un jour, alors que je servais comme missionnaire au Japon dans une petite branche, sur la petite île de Amami Oshima, mon collègue et moi avons été transportés de joie en apprenant que le président Kimball venait en Asie et que tous les membres et tous les missionnaires du Japon étaient invités à aller à Tokyo pour entendre le prophète lors d’une conférence interrégionale. Avec enthousiasme, les membres de la branche, mon collègue et moi avons commencé les préparatifs pour la traversée de douze heures de la mer de Chine orientale jusqu’à l’île principale du Japon, suivie par un trajet de quinze heures en train jusqu’à Tokyo. Malheureusement, mon collègue et moi ne pûmes y assister. Nous avons reçu une lettre du président de mission nous disant qu’en raison de la distance et du temps, nous ne pourrions pas assister à la conférence de Tokyo.

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Frère Stevenson et son collègue missionnaire

Les membres de notre petite branche embarquèrent pour Tokyo sans nous. Les jours suivants nous ont paru calmes et vides. Nous avons tenu une réunion de Sainte-Cène seuls dans la petite église pendant que les saints des derniers jours et les missionnaires du Japon assistaient à la conférence.

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Conférence interrégionale d’Asie

Ma déception s’est intensifiée malgré la joie que j’avais d’entendre les membres de la branche évoquer, à leur retour de la conférence, l’annonce par le président Kimball de la construction d’un temple à Tokyo. Ils débordaient d’enthousiasme en parlant de l’accomplissement de leur rêve. Ils ont décrit comment, à l’annonce du temple, les membres et les missionnaires, ne pouvant contenir leur joie, ont spontanément applaudi.

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Le président Kimball annonçant le temple de Tokyo

Les années ont passé, mais je me souviens encore de la déception que j’ai ressentie en manquant cette réunion historique.

Au cours des derniers mois, j’ai réfléchi à ces expériences en voyant d’autres personnes connaître, en raison de la pandémie mondiale de COVID-19, des déceptions profondes et du chagrin bien plus grands et profonds que ce que j’ai connu quand j’étais jeune missionnaire.

En début d’année, tandis que la pandémie s’accélérait, la Première Présidence a promis que « l’Église et ses membres [montreraient] leur engagement fidèle à être de bons citoyens et de bons voisins1 » et « [feraient] preuve d’une grande prudence2 ». Nous avons donc eu une suspension des réunions de l’Église dans le monde entier, le retour de plus de la moitié des missionnaires dans leur pays d’origine et la fermeture de tous les temples. Des milliers d’entre vous se préparaient à aller y faire des ordonnances pour les vivants, notamment des scellements. D’autres ont terminé prématurément leur service missionnaire ou ont été temporairement relevés et réaffectés.

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Des missionnaires rentrant chez eux en raison du COVID

Au même moment, les chefs de gouvernements et d’établissements scolaires ont fermé les écoles, ce qui a eu pour conséquence des changements dans les remises de diplômes et a imposé l’annulation de rencontres sportives, d’activités et d’événements sociaux, culturels et scolaires. Beaucoup d’entre vous se sont préparés pour des événements, des représentations et des compétitions qui n’ont pas eu lieu.

Plus poignante encore est l’idée que des familles ont perdu des êtres chers pendant cette période et que la plupart n’ont pas pu assister aux obsèques ou à des réunions à leur mémoire comme elles l’espéraient.

En bref, un grand nombre d’entre vous ont connu une déception, une tristesse et un découragement poignant. Alors, comment guérir, persévérer et aller de l’avant lorsque tout semble si brisé ?

Néphi a commencé à graver les petites plaques lorsqu’il était adulte. Alors qu’il repensait à sa vie et à son ministère, il a fait une remarque importante dans le tout premier verset du Livre de Mormon. Ce verset démontre un principe important sur lequel nous devons tous méditer aujourd’hui. Après ses paroles bien connues, « Moi, Néphi, étant né de bons parents […] », il a écrit : « et ayant vu beaucoup d’afflictions au cours de ma vie, ayant néanmoins reçu de grandes faveurs du Seigneur toute ma vie3 ».

Nous qui étudions le Livre de Mormon connaissons bien les nombreuses afflictions auxquelles Néphi fait référence. Pourtant, après avoir reconnu qu’il en avait eu beaucoup au cours de sa vie, Néphi explique qu’en les regardant à travers le filtre de la perspective de l’Évangile, il avait reçu de grandes faveurs du Seigneur toute sa vie. Les moments d’affliction et de déception ne changent pas le regard vigilant et favorable que le Seigneur pose sur nous ni les bénédictions qu’il nous accorde.

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Réunion missionnaire par le biais de la technologie
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Réunion missionnaire par le biais de la technologie avec frère et sœur Stevenson
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Réunion missionnaire par le biais de la technologie avec frère et sœur Stevenson

Lesa et moi avons eu une visioconférence avec six cents missionnaires d’Australie dont la plupart œuvraient depuis leur appartement en raison des mesures de confinement et des restrictions imposées par la pandémie de COVID-19. Ensemble, nous avons discuté de personnages du Nouveau Testament, du Livre de Mormon et des Doctrine et Alliances que le Seigneur a bénis et à qui il a permis d’atteindre la grandeur dans l’adversité. Ils ont tous été davantage définis par ce qu’ils ont pu faire avec l’aide du Seigneur que par ce qu’ils n’ont pas pu faire en raison de leur emprisonnement et de leurs restrictions.

Nous lisons que pendant que Paul et Silas étaient enchaînés en prison, ils priaient, chantaient, enseignaient, témoignaient, et ont même baptisé le geôlier4.

Paul a passé deux ans à Rome en résidence surveillée, période pendant laquelle il « annonça le royaume de Dieu, en rendant témoignage5 », « enseignant ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ6 ».

Néphi et Léhi, les fils d’Hélaman, après avoir été maltraités et emprisonnés, ont été encerclés par un feu protecteur tandis que la « voix [du Seigneur], d’une douceur parfaite, comme si cela était un chuchotement […] perçait [leurs ravisseurs] jusqu’à l’âme même7. »

Alma et Amulek ont découvert qu’à Ammonihah « beaucoup […] crurent […] et commencèrent à se repentir et à sonder les Écritures8 » malgré les moqueries et le manque de nourriture, d’eau ou de vêtements, et après avoir été liés et enfermés en prison9.

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Joseph Smith dans la prison de Liberty

Et pour finir, Joseph Smith, qui se languissait dans la prison de Liberty, se sentant abandonné et oublié, entendit la voix du Seigneur lui dire : « Ces choses […] seront pour ton bien10 » et « Dieu sera avec toi pour toujours11 ».

Chacune de ces personnes a compris ce que Néphi savait. Malgré les nombreuses afflictions qu’ils ont subies durant leur vie, ils avaient reçu de grandes faveurs du Seigneur.

Nous pouvons, nous aussi, individuellement et en tant qu’Église, faire un parallèle avec les grandes faveurs que nous avons reçues du Seigneur pendant la période difficile que nous avons connue les mois passés. Puissent les exemples que je vais mentionner également fortifier votre témoignage du don de voyant de notre prophète actuel, qui grâce à des ajustements avant le moindre signe de pandémie nous a préparés à supporter les difficultés qui sont survenues.

Premièrement, l’Église affermit ce qui est appliqué au foyer.

Il y a deux ans, le président Nelson a dit : « Nous nous sommes habitués à penser à ‘l’Église’ comme à quelque chose qui se produit dans nos lieux de culte, soutenu par ce qui se passe dans notre foyer. Nous devons modifier cette idée […] Une Église qui affermit ce qui est appliqué au foyer, grâce à ce qui se déroule dans nos […] bâtiments12. » Quel ajustement prophétique ! L’apprentissage de l’Évangile appliqué au foyer a été mis en pratique lors de la fermeture temporaire des églises. Au moment où le monde commence à se normaliser et où nous retournons dans les églises, il est bon que nous conservions les modèles d’étude et d’apprentissage de l’Évangile appliqués au foyer et mis en place pendant la pandémie.

Le deuxième exemple de grandes faveurs du Seigneur est la révélation concernant le fait de servir de manière plus élevée et plus sainte.

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Service pastoral

En 2018, le président Nelson a présenté le service pastoral comme un ajustement de « la façon dont nous veillons les uns sur les autres13 ». La pandémie nous a donné de nombreuses occasions d’aiguiser nos facultés de servir. Des frères et sœurs de service pastoral, des jeunes filles et des jeunes gens, et d’autres personnes ont tendu la main pour créer des liens et discuter, se sont occupés de jardins, ont apporté des repas, ont envoyé des messages par le biais de la technologie et ont apporté la Sainte-Cène dans le but de faire du bien aux personnes dans le besoin. L’Église elle-même a aussi rendu service pendant la pandémie par une distribution sans précédent de marchandises à des soupes populaires, des refuges de sans-abri et des centres de soutien pour immigrés, et par le biais de projets ciblant les famines les plus graves dans le monde. Des sœurs de la Société de Secours et leur famille ont répondu à l’appel de fabriquer des millions de masques pour le personnel de santé.

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Programmes humanitaires
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Fabrication de masques

Le dernier exemple de grandes faveurs du Seigneur au milieu des afflictions est le fait de trouver une joie accrue dans le retour des ordonnances du temple.

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Sœur Kaitlyn Palmer

Comment mieux le décrire que par une histoire ? Quand Kaitlyn Palmer a reçu son appel en mission en avril dernier, elle était enthousiaste à l’idée de faire une mission, mais elle a également ressenti qu’il était tout aussi important et spécial d’aller au temple pour recevoir sa dotation et faire des alliances sacrées. Peu de temps après la date prévue pour sa dotation, il a été annoncé que tous les temples seraient fermés temporairement à cause de la pandémie mondiale. Après cette nouvelle déchirante, Kaitlyn a également appris qu’elle suivrait la formation du centre missionnaire à distance, depuis chez elle. Malgré ces déceptions, Kaitlyn s’est attachée à rester de bonne humeur.

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Sœur Kaitlyn Palmer suivant la formation du CFM depuis chez elle

Les mois passant, sœur Palmer n’a jamais perdu l’espoir d’aller au temple. Sa famille a jeûné et prié pour que les temples ouvrent avant son départ. Kaitlyn commençait souvent ses matinées de formation missionnaire à la maison en disant : « Est-ce que c’est aujourd’hui que nous verrons le miracle de la réouverture des temples ? »

Le 10 août, la Première Présidence a annoncé que le temple de Kaitlyn rouvrirait, pour les ordonnances pour les vivants, le jour même où elle devait, de bonne heure le matin, prendre l’avion pour sa mission. Elle ne pouvait pas aller au temple et prendre son avion. Sans beaucoup d’espoir, ses parents ont pris contact avec le président du temple, Michael Vellinga, pour voir s’il y avait moyen que le miracle pour lequel ils avaient prié puisse se réaliser. Leurs jeûnes et leurs prières ont été exaucés.

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La famille Palmer au temple

À deux heures du matin, plusieurs heures avant son vol, en pleurs, sœur Palmer et sa famille ont été reçues aux portes du temple par le président qui tout sourire leur a dit : « Bonjour, la famille Palmer. Bienvenue au temple ! » Dès que la dotation a été terminée, on leur a demandé de partir rapidement, car la famille suivante attendait près de la porte du temple. Ils se sont rendus directement à l’aéroport, juste à temps pour qu’elle attrape son vol pour sa mission.

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Sœur Palmer à l’aéroport

Les ordonnances du temple qui nous ont manqué pendant plusieurs mois paraissent plus douces que nous le pensions à mesure que les temples rouvrent progressivement partout dans le monde.

Pour terminer, prêtez attention aux paroles encourageantes, enthousiasmantes et édifiantes de Joseph Smith, le prophète. Il est difficile d’imaginer qu’il les a écrites dans l’affliction et l’isolement, enfermé et confiné chez lui, à Nauvoo, se cachant des personnes qui cherchaient à l’appréhender illégalement.

« Or, qu’entendons-nous dans l’Évangile que nous avons reçu ? Une voix d’allégresse ! Une voix de miséricorde venant du ciel et une voix de vérité sortant de la terre, de bonnes nouvelles pour les morts, une voix d’allégresse pour les vivants et les morts, de bonnes nouvelles d’une grande joie.

« […] Ne persévérerons-nous pas dans une si grande cause ? Allez de l’avant et pas en arrière. Courage, […] et en avant, en avant, vers la victoire ! Que votre cœur se réjouisse et soit dans l’allégresse ! Que la terre éclate en chants14. »

Frères et sœurs, je crois qu’un jour, chacun de vous repensera aux événements annulés, à la tristesse, à la déception et à la solitude liés à ces moments difficiles que nous traversons et s’apercevra que ces sentiments ont été éclipsés par des bénédictions, une foi et un témoignage plus grands. Je crois que, dans cette vie, et dans la vie à venir, vos afflictions, votre Ammonihah, votre prison de Liberty, seront consacrés à votre avantage15. Tout comme Néphi, je prie pour que nous acceptions les afflictions au cours de notre vie tout en reconnaissant que nous recevons de grandes faveurs du Seigneur.

Je termine en vous rendant mon témoignage de Jésus-Christ, qui ne fut pas épargné par la douleur et qui dans son expiation infinie est « descendu plus bas que tout cela16 ». Il comprend nos peines, nos chagrins et notre désespoir. Il est notre Sauveur, notre Rédempteur, notre Espoir, notre Consolateur et notre Libérateur. J’en témoigne au saint nom de Jésus-Christ. Amen.