2010-2019
Trois sœurs
Octobre 2017


Trois sœurs

« Nous sommes responsables de notre propre état de disciple, et cela n’a pas grand-chose (ou n’a rien) à voir avec la manière dont les autres nous traitent. »

Chères sœurs, chères amies, débuter la conférence générale par une session destinée aux femmes du monde entier est important et magnifique. Imaginez un peu : des sœurs de tous âges, de toutes origines, de toutes nationalités et langues, unies dans la foi et l’amour pour le Seigneur Jésus-Christ.

Récemment j’ai parlé avec notre prophète bien-aimé, le président Monson, et il a exprimé son amour pour le Seigneur. Et je sais qu’il est très reconnaissant pour votre soutien, vos prières et votre amour pour le Seigneur.

Jadis, dans un pays lointain, vivaient trois sœurs.

La première était malheureuse. De son nez à son menton et de son teint à ses pieds, il lui semblait que rien n’était assez bon pour elle. Lorsqu’elle parlait, les mots sortaient parfois maladroitement, et les gens riaient. Lorsque quelqu’un la critiquait ou « oubliait » de l’inviter à quelque chose, elle rougissait, s’éloignait et trouvait un lieu secret où elle poussait un soupir de tristesse et se demandait pourquoi la vie était si morne et monotone.

La deuxième était coléreuse. Elle se trouvait très intelligente, mais il y avait toujours quelqu’un qui obtenait de meilleures notes qu’elle à l’école. Elle se trouvait drôle, jolie, chic et intéressante. Mais il semblait qu’il y avait toujours quelqu’un de plus drôle, de plus joli, de plus chic ou de plus intéressant.

Elle n’était jamais première nulle part, et cela, elle ne le supportait pas. La vie n’était pas censée être ainsi !

Parfois, elle s’en prenait aux autres, et elle semblait toujours être à deux doigts de s’indigner d’une chose ou d’une autre.

Bien sûr, cela ne la rendait ni plus sympathique ni plus populaire. Parfois, elle serrait les dents et les poings et pensait : « Comme la vie est injuste ! »

Ensuite, il y avait la troisième sœur. Contrairement à ses sœurs triste et coléreuse, elle était… eh bien, joyeuse. Et ce n’était pas parce qu’elle était plus intelligente, plus belle ou plus capable que ses sœurs. Non, parfois les gens l’évitaient et l’ignoraient aussi. Parfois ils se moquaient de ce qu’elle portait ou de ce qu’elle disait. Parfois ils disaient du mal d’elle. Mais elle ne se laissait pas ennuyer par tout cela.

Cette sœur aimait chanter. Elle ne chantait pas très juste, et les gens se moquaient, mais cela ne l’arrêtait pas. Elle disait : « Je ne vais pas laisser l’opinion des autres m’empêcher de chanter ! »

Le fait même qu’elle continue de chanter rendait sa première sœur triste et agaçait sa deuxième sœur.

De nombreuses années passèrent et chacune des sœurs atteignit la fin de son temps sur terre.

La première sœur, qui avait découvert à maintes reprises qu’on n’était jamais à court de déceptions dans la vie, finit par mourir malheureuse.

La seconde, qui trouvait chaque jour une nouvelle raison de s’indigner, mourut coléreuse.

Et la troisième sœur qui passa sa vie à chanter de tout son cœur avec un sourire confiant sur le visage, mourut joyeuse.

Bien sûr, la vie n’est jamais aussi simple, et les gens ne sont jamais aussi unidimensionnels que les trois sœurs de cette histoire. Mais même de tels exemples extrêmes peuvent nous apprendre quelque chose sur nous-même. Si vous êtes comme la plupart d’entre nous, vous vous êtes peut-être reconnues chez une, deux ou peut-être les trois sœurs. Examinons chacune de plus près.

La victime

La première sœur se considérait comme une victime, quelqu’un de contraint1. Tout ce qui lui arrivait semblait se liguer pour la rendre malheureuse. Avec cette façon d’aborder la vie, elle laissait aux autres le contrôle de ses sentiments et de son comportement. Lorsque nous faisons cela, nous sommes emportés à tout vent d’opinions, et, à notre époque de réseaux sociaux omniprésents, ces vents soufflent avec l’intensité d’un ouragan.

Chères sœurs, pourquoi devriez-vous laisser décider de votre bonheur quelqu’un ou un groupe qui se soucie très peu de vous ou de votre bonheur ?

Si vous vous inquiétez de ce que d’autres personnes disent de vous, je vous propose cet antidote : rappelez-vous qui vous êtes. Souvenez-vous que vous êtes de la maison royale du royaume de Dieu, filles de parents célestes qui règnent sur l’ensemble de l’univers.

Vous possédez l’ADN spirituel de Dieu. Vous avez des dons uniques qui tirent leur origine de votre création spirituelle et qui se sont développés pendant la longue durée de votre existence prémortelle. Chacune de vous est l’enfant de notre Père céleste miséricordieux et éternel, le Seigneur des armées, celui qui a créé l’univers, qui a dispersé les étoiles en rotation dans la vaste étendue de l’espace, et qui a placé les planètes sur leur orbite attitrée.

Vous êtes entre ses mains.

De très bonnes mains.

Des mains aimantes.

Des mains attentionnées.

Et rien de ce que les gens peuvent dire à votre sujet ne peut changer cela. Leurs paroles sont dénuées de sens comparées à ce que Dieu a dit de vous.

Vous êtes son enfant chérie.

Il vous aime.

Même lorsque vous trébuchez, même lorsque vous vous détournez de lui, Dieu vous aime. Si vous vous sentez perdue, abandonnée ou oubliée, ne craignez pas. Le Bon Berger vous trouvera. Il vous mettra sur ses épaules. Et il vous ramènera à la maison2.

Mes chères sœurs, laissez ces vérités divines pénétrer profondément dans votre cœur. Et vous découvrirez qu’il existe de nombreuses raisons de ne pas être tristes, car vous avez une destinée éternelle à accomplir.

Le bien-aimé Sauveur du monde a donné sa vie afin que vous puissiez décider de faire de cette destinée une réalité. Vous avez pris son nom sur vous, vous êtes ses disciples. Et, grâce à lui, vous pouvez vous revêtir de robes de gloire éternelle.

La haineuse

La deuxième sœur était en colère contre le monde entier. Comme sa sœur triste, elle avait le sentiment que quelqu’un d’autre causait tous ses problèmes. Elle accusait sa famille, ses amis, son employeur et ses collègues, la police, les voisins, les dirigeants de l’Église, la mode actuelle, même l’intensité des éruptions solaires et la malchance pure et simple. Et elle s’en prenait à eux tous.

Elle ne se considérait pas comme une méchante personne. Au contraire, elle pensait ne faire que se défendre. Tous les autres, croyait-elle, étaient motivés par l’égoïsme, la mesquinerie et la haine. Elle, par contre, était motivée par de bonnes intentions : la justice, l’intégrité et l’amour.

Malheureusement, le raisonnement de la sœur coléreuse est bien trop répandu. C’est ce qui ressort d’une étude récente sur les conflits entre des groupes rivaux. Dans le cadre de l’étude, des chercheurs se sont entretenus avec des Palestiniens et des Israéliens au Moyen-Orient, et des républicains et des démocrates aux États-Unis. Ils ont découvert que « chaque côté pensait que son groupe était motivé plus par l’amour que par la haine, mais, lorsqu’on demandait aux personnes interrogées pourquoi le groupe rival était impliqué dans le conflit, ils indiquaient que c’était parce qu’il était motivé par la haine3 ».

En d’autres termes, chaque groupe pensait être « les gentils », les justes, les aimables et les sincères et considérait que leurs rivaux étaient « les méchants », les ignorants, les malhonnêtes, voire les malfaisants.

L’année où je suis né, le monde était plongé dans une guerre terrible apportant des douleurs atroces et des tristesses affreuses au monde. Cette guerre a été déclenchée par mon pays—par un groupe de personnes qui désignaient certains autres groupes comme mauvais et attisaient la haine à leur encontre.

Ils ont fait taire les personnes qu’ils n’aimaient pas. Ils les ont humiliées et diabolisées. Ils les considéraient comme inférieures, comme moins que des êtres humains. Une fois que l’on a avili un groupe de personnes, on est plus susceptible de justifier des paroles et des actes de violence à son encontre.

Je frémis en pensant à ce qui s’est produit dans l’Allemagne du vingtième siècle.

Lorsque quelqu’un s’oppose à nous ou est en désaccord avec nous, il est tentant de présumer que quelque chose ne va pas chez lui. Et de là, il n’y a qu’un pas jusqu’à prêter le pire des mobiles à ses paroles et à ses actes.

Bien sûr, nous devons toujours défendre le bien, et il y a des moments où nous devons élever la voix pour cette cause. Cependant, lorsque nous le faisons avec de la colère ou de la haine dans le cœur, lorsque nous nous en prenons aux autres pour les blesser, les humilier ou les faire taire, il y a des chances que nous ne soyons pas en train de le faire selon les principes de la justice.

Qu’a enseigné le Sauveur ?

« Je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent.

« Afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux4. »

Voilà la manière du Sauveur. C’est la première étape pour abattre les barrières qui créent tant de colère, de haine, de divisions et de violence dans le monde.

Vous pourriez dire : « Oui, je serais disposé à aimer mes ennemis, si seulement ils étaient disposés à faire de même. »

Mais cela n’importe pas vraiment, n’est-ce pas ? « Nous sommes responsables de notre propre état de disciple, et cela n’a pas grand-chose (ou n’a rien) à voir avec la manière dont les autres nous traitent. » Nous espérons bien sûr qu’ils seront compréhensifs et charitables en retour, mais notre amour pour eux ne dépend pas de leurs sentiments pour nous.

Peut-être que nos efforts pour aimer nos ennemis adouciront leur cœur et les influenceront en bien. Peut-être pas. Mais cela ne change en rien notre engagement à suivre Jésus-Christ.

Donc, en qualité de membres de l’Église de Jésus-Christ, nous aimerons nos ennemis.

Nous surmonterons la colère ou la haine.

Nous nous remplirons le cœur d’amour pour tous les enfants de Dieu.

Nous tendrons la main pour les bénir et les servir, même ceux qui « [nous] maltraitent et [nous] persécutent5 ».

Le disciple authentique

La troisième sœur représente le disciple authentique de Jésus-Christ. Elle a fait quelque chose qui peut être extrêmement difficile : elle a fait confiance à Dieu même face aux moqueries et aux souffrances. Elle a réussi à conserver sa foi et son espérance, en dépit du mépris et du cynisme qui l’entouraient. Elle a vécu joyeusement, non pas parce que sa situation était joyeuse mais parce qu’elle était joyeuse.

Nul d’entre nous ne parvient au terme du voyage de la vie sans avoir rencontré d’opposition. Avec tant de forces qui essayent de nous en éloigner, comment pouvons-nous garder les yeux rivés sur le bonheur glorieux promis aux fidèles ?

Je crois qu’on peut trouver la réponse dans un rêve qu’un prophète fit il y a des milliers d’années. Le nom du prophète est Léhi, et son rêve est rapporté dans le livre précieux et prodigieux qu’est le Livre de Mormon.

Dans son rêve, Léhi vit un champ vaste sur lequel se trouvait un arbre extraordinaire dont la beauté défiait toute description. Il vit également de grands groupes de personnes qui s’avançaient vers l’arbre. Elles voulaient goûter son fruit merveilleux. Elles sentaient et étaient certaines qu’il leur donnerait un grand bonheur et une paix durable.

Un sentier étroit conduisait à l’arbre et, le long du sentier, il y avait une barre de fer qui leur permettait de rester sur le chemin. Mais il y avait également un brouillard de ténèbres qui dissimulait le sentier et l’arbre. Et, peut-être plus dangereux encore, il y avait le son de rires bruyants et de moqueries venant d’un édifice voisin, grand et spacieux. Incroyablement, les moqueries convainquirent même des personnes qui avaient atteint l’arbre et en avaient goûté le fruit merveilleux et qui commencèrent à avoir honte et à s’égarer6.

Peut-être commencèrent-elles à douter que l’arbre était réellement aussi beau qu’elles l’avaient pensé autrefois. Peut-être commencèrent-elles à mettre en doute la réalité de ce qu’elles avaient vécu.

Peut-être pensèrent-elles que, si elles se détournaient de l’arbre, la vie serait plus facile. Peut-être qu’on ne se moquerait plus d’elles.

Et, en fait, les personnes qui se moquaient d’elles semblaient être plutôt heureuses et avaient l’air de bien s’amuser. Alors, peut-être qu’en abandonnant l’arbre, elles seraient accueillies dans l’assemblée du grand et spacieux édifice et qu’on les applaudirait pour leur bon jugement, leur intelligence et leur raffinement.

Rester sur le chemin

Chères sœurs, chères amies, si vous trouvez qu’il est difficile de tenir fermement la barre de fer et de marcher résolument vers le salut, si les rires et les moqueries des personnes qui semblent si confiantes vous font hésiter, si vous êtes troublées par des questions sans réponse ou des points de doctrine que vous ne comprenez pas encore, si vous êtes attristées par des déceptions, je vous exhorte à vous souvenir du rêve de Léhi.

Restez sur le chemin !

Ne lâchez jamais la barre de fer, la parole de Dieu !

Et lorsque quiconque tente de vous ridiculiser parce que vous goûtez à l’amour de Dieu, ignorez-le.

N’oubliez jamais, vous êtes enfants de Dieu ; d’abondantes bénédictions vous attendent ; si vous apprenez comment agir, vous le connaîtrez enfin7 !

Les promesses de louanges et d’acceptation du monde ne sont ni fiables ni sincères ni satisfaisantes. Les promesses de Dieu sont sûres, vraies et joyeuses, maintenant et à jamais.

Je vous invite à considérer la religion et la foi d’un point de vue plus élevé. Rien de ce qui est offert dans l’édifice grand et spacieux ne vaut ce que l’on reçoit en vivant selon l’Évangile de Jésus-Christ.

En vérité, « ce sont des choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues, et qui ne sont point montées au cœur de l’homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l’aiment8. »

J’ai appris par expérience personnelle que le chemin du disciple dans l’Évangile de Jésus-Christ est la voie qui mène à la joie. C’est la voie de la sécurité et de la paix. C’est la voie de la vérité.

Je témoigne que, par le don et le pouvoir du Saint-Esprit, vous pouvez le découvrir personnellement.

En attendant, si le chemin devient difficile pour vous, j’espère que vous trouverez un refuge et de la force dans nos merveilleuses organisations de l’Église : la Primaire, les Jeunes Filles et la Société de Secours. Elles sont comme des points de ravitaillement sur le chemin, où vous pouvez renouveler votre confiance et votre foi pour le voyage qui vous attend. Elles sont un foyer sûr où vous pouvez avoir le sentiment d’être à votre place et recevoir les encouragements de vos sœurs et de vos condisciples.

Ce que vous apprenez à la Primaire vous prépare pour les vérités supplémentaires que vous apprendrez chez les Jeunes Filles. Le chemin du disciple que vous parcourez dans vos classes des Jeunes Filles conduit à l’intégration au sein de la Société de Secours. À chaque pas de ce chemin, on vous offre des possibilités supplémentaires de montrer votre amour pour les autres par des actes de foi, de compassion, de charité, de vertu et de service.

Choisir ce chemin du disciple conduira au bonheur indicible et à la réalisation de votre nature divine.

Ce ne sera pas facile. Cela exigera ce que vous avez de meilleur : toute votre intelligence, votre créativité, votre foi, votre intégrité, votre force, votre détermination ainsi que tout votre amour. Mais, un jour, vous vous remémorerez vos efforts et oh combien vous serez reconnaissante d’être restée forte, d’avoir cru, et de ne pas avoir quitté le sentier !

Avançons résolument

Il peut y avoir de nombreuses choses dans la vie qui échappent à notre volonté . Mais, en fin de compte, vous avez le pouvoir de choisir à la fois votre destination et bon nombre de vos expériences le long du chemin. Ce ne sont pas tant vos capacités mais vos choix qui font la différence dans la vie9.

Vous ne pouvez pas permettre aux situations de vous attrister.

Vous ne pouvez pas leur permettre de vous pousser à la colère.

Vous pouvez vous réjouir d’être une fille de Dieu. Vous pouvez trouver la joie et le bonheur dans la grâce de Dieu et dans l’amour de Jésus-Christ.

Vous pouvez être heureuse.

Je vous exhorte à vous remplir le cœur de reconnaissance pour la bonté abondante et infinie, de Dieu. Mes sœurs bien-aimées, vous pouvez le faire ! Je prie avec toute l’affection de mon âme pour que vous fassiez le choix d’avancer résolument vers l’arbre de vie. Je prie pour que vous décidiez d’élever votre voix et de faire de votre vie une magnifique symphonie de louanges, vous réjouissant dans ce que l’amour de Dieu, les prodiges de son Église et l’Évangile de Jésus-Christ peuvent apporter au monde.

Le chant du disciple peut être un peu faux ou même un peu fort aux oreilles de certains. Il en a été ainsi depuis le début des temps.

Mais, pour notre Père céleste et pour les personnes qui l’aiment et l’honorent, c’est le plus précieux et le plus beau des chants, le chant sublime et sanctificateur de l’amour et du service rédempteurs à Dieu et à autrui10.

En ma qualité d’apôtre du Seigneur, je vous bénis pour que vous trouviez la force et le courage de vous épanouir joyeusement en tant que filles de Dieu tout en étant heureuses de marcher chaque jour sur le chemin glorieux du disciple. Au nom sacré de Jésus-Christ. Amen.

Notes

  1. Voir 2 Néphi 2:14, 26.

  2. Voir Luc 15:4-6.

  3. Université de Boston, « Study Finds Intractable Conflicts Stem from Misunderstanding of Motivation » ScienceDaily, 4 novembre 2014, sciencedaily.com.

  4. Matthieu 5:44-45.

  5. Matthieu 5:44.

  6. Voir 1 Néphi 8.

  7. Voir « Je suis enfant de Dieu », Chants pour les enfants, p. 2-3.

  8. 1 Corinthiens 2:9.

  9. Voir « The Most Inspirational Book Quotes of All Time », pegasuspublishers.com/blog.

  10. Voir Alma 5:26.