2010-2019
La musique de l’Évangile
Avril 2015


La musique de l’Évangile

La musique de l’Évangile est le sentiment spirituel joyeux qui vient du Saint-Esprit. Il apporte un changement de cœur.

Il y a des années, j’écoutais à la radio l’interview d’un jeune médecin qui travaillait dans un hôpital de la nation Navajo en Arizona (États-Unis). Il racontait l’expérience qu’il avait vécue, un soir, quand un vieil Amérindien aux longs cheveux tressés était entré dans la salle des urgences. Le jeune médecin avait pris son calepin, s’était approché de lui et avait demandé : « Que puis-je faire pour vous ? » Le vieil homme avait regardé droit devant et n’avait rien dit. Le médecin, légèrement agacé, avait réessayé : « Je ne peux rien faire pour vous si vous ne me parlez pas. Dites-moi pourquoi vous êtes venu à l’hôpital. »

Le vieil homme l’avait regardé et avait dit : « Vous savez danser ? » Alors que le jeune médecin méditait sur l’étrange question, l’idée lui était venue que ce patient était peut-être un guérisseur qui, selon d’anciennes coutumes tribales, s’efforçait de soigner les malades par le chant et la danse, et non par la prescription de médicaments.

« Non, avait dit le médecin, je ne sais pas danser. Et vous, vous savez ? » Le vieil homme avait acquiescé de la tête. Alors le médecin lui avait demandé : « Pourriez-vous m’apprendre à danser ? »

La réponse du vieil homme me fait beaucoup réfléchir depuis de nombreuses années. Il avait dit : « Je peux vous apprendre à danser, mais il faut que vous entendiez la musique. »

Parfois, dans notre foyer, nous réussissons à enseigner les pas de danse, mais nous ne parvenons pas à aider les membres de notre famille à entendre la musique. Et, comme le vieux guérisseur le savait bien, il est difficile de danser sans musique. Danser sans musique, c’est maladroit, décevant, gênant même. Avez-vous déjà essayé ?

Dans la section 8 des Doctrine et Alliances, le Seigneur enseigne à Joseph Smith et à Oliver Cowdery : « Oui, voici, je te le dirai dans ton esprit et dans ton cœur par le Saint-Esprit qui viendra sur toi et qui demeurera dans ton cœur (verset 2). » Nous apprenons les pas de danse avec notre intellect, mais nous entendons la musique avec notre cœur. Les pas de danse de l’Évangile sont les choses que nous faisons ; la musique de l’Évangile est le sentiment spirituel joyeux qui vient du Saint-Esprit. Il apporte un changement de cœur et est la source de tous les désirs justes. Les pas de danse exigent de la discipline, mais nous ne pouvons goûter la joie durable de la danse que lorsque nous parvenons à entendre la musique.

Certains se moquent des membres de l’Église pour ce que nous faisons. C’est compréhensible. Les personnes qui dansent semblent souvent étranges ou maladroites (1 Peter 2:9) aux yeux de celles qui n’entendent pas la musique. Vous êtes-vous déjà arrêté à un feu rouge à côté d’une voiture dont le chauffeur dansait et chantait à tue-tête, mais vous n’entendiez rien parce que votre vitre était fermée ? N’avait-il pas l’air un peu étrange ? Si nos enfants apprennent les pas de danse sans apprendre à entendre et à ressentir la belle musique de l’Évangile, au fil du temps, ils trouveront la danse gênante et, soit arrêteront de danser soit, ce qui est presque aussi mauvais, continueront de danser uniquement du fait de la pression qu’exercent les personnes qui dansent autour d’eux.

La difficulté pour tous ceux d’entre nous qui cherchent à enseigner l’Évangile est d’étendre le programme d’étude au-delà des pas de danse. Le bonheur de nos enfants dépend de leur capacité d’entendre et d’aimer la belle musique de l’Évangile. Comment faire ?

D’abord, nous devons maintenir notre vie réglée sur la bonne fréquence spirituelle. Autrefois, avant l’ère du numérique, nous trouvions notre station de radio préférée en tournant délicatement le bouton jusqu’à ce que l’alignement sur la fréquence de la station soit parfait. En approchant du chiffre, nous n’entendions que des parasites. Mais, quand l’alignement était enfin parfait, nous entendions clairement notre musique préférée. Dans la vie, nous devons nous aligner sur la bonne fréquence afin d’entendre la musique de l’Esprit.

Lorsque nous recevons le don du Saint-Esprit après le baptême, nous sommes remplis de la musique céleste qui accompagne la conversion. Notre cœur est changé et nous « n’avons plus de disposition à faire le mal, mais à faire continuellement le bien ». (Mosiah 5:2). Mais l’Esprit ne supporte pas la méchanceté, l’orgueil ou l’envie. Si nous perdons cette influence délicate, les riches accords de l’Évangile peuvent vite devenir dissonants et finir par être réduits au silence. Alma pose cette question poignante : « Si vous avez ressenti le désir de chanter le cantique de l’amour rédempteur, je vous le demande : pouvez-vous le ressentir maintenant ? (Alma 5:26).

Parents, si notre vie détonne avec la musique de l’Évangile, nous devons l’accorder. Comme le président Monson nous l’a enseigné en octobre dernier, nous devons considérer le chemin par où nous passons. (« Le chemin par où nous passons », Le Liahona, nov. 2014, p. 86-88). Nous savons comment faire. Nous devons suivre le même chemin que celui que nous avons emprunté la première fois que nous avons entendu les accords célestes de la musique de l’Évangile. Nous exerçons la foi au Christ, nous nous repentons, nous prenons la Sainte-Cène ; nous ressentons plus fortement l’influence du Saint-Esprit ; et la musique de l’Évangile recommence à se faire entendre dans notre vie.

Deuxièmement, quand nous-mêmes nous entendons la musique, nous faisons de notre mieux pour la jouer dans notre foyer. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut imposer. « Aucun pouvoir, aucune influence ne peuvent ou ne devraient être exercés en vertu de la prêtrise », ou en vertu du fait que je suis le père ou la mère ou le plus grand ou celui qui parle le plus fort, « autrement que par la persuasion, par la longanimité, par la gentillesse et la douceur, […] par l’amour sincère [et] par la bonté » (D&A 121:41-42).

Pourquoi ces attributs produiraient-ils un pouvoir et une influence plus grands dans notre foyer ? Parce que ce sont les attributs qui favorisent la présence de l’Esprit du Saint-Esprit. Ce sont les attributs qui accordent notre cœur à la musique de l’Évangile. Lorsqu’ils sont présents, les pas de danse sont exécutés plus naturellement et plus joyeusement par tous les danseurs de la famille, sans qu’il y ait besoin de menaces ou de contrainte.

Lorsque nos enfants sont petits, nous pouvons leur chanter la berceuse de l’amour sincère, et, quand ils sont têtus et refusent d’aller se coucher le soir, nous aurons peut-être besoin de chanter la berceuse de la longanimité. Quand ils sont adolescents, nous pouvons nous déconnecter de la cacophonie des disputes et des menaces et, au contraire, jouer la belle musique de la persuasion, et peut-être chanter le deuxième couplet de la berceuse de la longanimité. Les parents peuvent jouer en parfaite harmonie les attributs jumeaux que sont la gentillesse et la douceur. Nous pouvons inviter nos enfants à chanter à l’unisson avec nous tandis que nous faisons preuve de gentillesse à l’égard d’un voisin qui est dans le besoin.

Cela ne va pas arriver tout d’un coup. Comme tous les musiciens accomplis le savent, il faut une pratique diligente pour jouer de la belle musique. Si les premiers efforts pour faire de la musique semblent dissonants, rappelez-vous que la dissonance ne se corrige pas par la critique. La dissonance dans un foyer est comme l’obscurité dans une pièce. Il ne sert pas à grand-chose de la réprimander. Il faut la remplacer en introduisant de la lumière.

Alors si les basses de votre chorale familiale sont trop fortes et dominantes ou si les cordes de votre orchestre familial sont un peu trop stridentes ou un peu tranchantes, ou si ces impétueux piccolos ne sont pas en harmonie ou sont incontrôlables, soyez patients. Si vous n’entendez pas la musique de l’Évangile dans votre foyer, souvenez-vous de ces quatre mots : continuez de vous entraîner. Avec l’aide de Dieu, le jour viendra où la musique de l’Évangile emplira votre foyer d’une joie ineffable.

Même si elle est bien jouée, la musique ne résoudra pas tous nos problèmes. Il y aura toujours des crescendos et des decrescendos dans notre vie, des staccatos et des legatos. Telle est la nature de la vie sur la planète terre.

Mais, si nous ajoutons de la musique aux pas de danse, les rythmes parfois compliqués du mariage et de la vie de famille ont tendance à se diriger vers un équilibre harmonieux. Même nos problèmes les plus ardus peuvent ajouter une tonalité mélancolique riche et des motifs émouvants. La doctrine de la prêtrise commencera à se distiller sur notre âme comme la rosée des cieux. Le Saint-Esprit sera notre compagnon constant, et notre sceptre (une allusion claire au pouvoir et à l’influence) sera un sceptre immuable de justice et de vérité. Et notre domination sera une domination éternelle. Et, sans moyens de contrainte, elle affluera vers nous pour toujours et à jamais (voir D&A 121:45-46).

Puisse-t-il en être ainsi dans la vie de chacun de nous et dans chacun de nos foyers. C’est là ma prière, au nom de Jésus-Christ. Amen.