1990-1999
«Que ferons-nous?»

Avril 1994


«Que ferons-nous?»


L’Evan­gi­le nous donne la répon­se et la pro­mes­se d’une direc­tion divi­ne. C’est un che­min que nous pou­vons sui­vre un pas à la fois, avec patien­ce, espé­ran­ce et foi.

Il y a peu ­d’années, le monde a connu un cer­tain nom­bre d’évé­ne­ments poli­ti­ques … et le publi­que pen­sait que les ­nations trou­ve­raient fina­le­ment la paix. On a parlé d’un nou­vel ordre mon­dial à l’hori­zon. Mais beau­coup ont ­oublié que nous ­vivons dans des socié­tés et des cul­tures où les nor­mes et les ­valeurs chan­gent et où les réfor­mes socia­les déter­mi­nent sou­vent la ­nature des hom­mes et des fem­mes. Une injus­ti­ce est sou­vent rem­pla­cée par une autre injus­ti­ce. Nous ­vivons dans une pério­de d’ambi­gui­té mora­le et pau­vre en matiè­re de direc­tion. La paix du monde est en crise aujourd’hui tout comme elle l’était dans le passé … et dans cette lutte conti­nue [pour la paix] nous som­mes ­tiraillés par la même ques­tion ­qu’avaient les dis­ci­ples après la résur­rec­tion du Christ : Que ­ferons-nous ?


C’est la ques­tion que nous nous ­posons en pério­de d’incer­ti­tu­de et quand nous ­devons faire face au défi. Dans l’incom­pré­hen­sion nous agis­sons sans trop gran­de réflec­tion, espé­rant trou­ver des solu­tions à tra­vers les résul­tats de nos ­actions. Heureusement, le Seigneur nous com­prend mieux que nous nous com­pre­nons nous-mêmes. Il nous a donné l’Evan­gi­le qui nous ensei­gne à son­ger d’abord, puis à déve­lop­per notre foi. Ce n’est que lors­que nous déci­dons hon­nê­te­ment en ­faveur du bien, nous ­basant sur l’Evan­gi­le, que nous pou­vons accom­plir des bon­nes ­actions. Par la foi vivan­te qui mène aux bon­nes ­actions, nous rece­vons la force d’en haut pour tou­jours ­essayer d’aller vers la jus­ti­ce. Souvenons-nous tou­te­fois que les gran­des ­actions ne se per­pé­tuent pas d’elles-mêmes. La conti­nui­té de ces gran­des ­actions exige notre dévoue­ment et celui des géné­ra­tions ­futures.


L’Evan­gi­le de Jésus-Christ doit être à la base de ce nou­vel ordre mon­dial … car c’est le seul plan qui ne pré­sen­te aucu­ne ­erreur pos­si­ble. Peu après le Sermont sur la mon­ta­gne, le Seigneur mit en garde ses dis­ci­ples sur l’adver­si­té ­future et le ­besoin de faire de bon­nes ­actions. Il leur expli­qua qu’ils ne ­devaient pas avoir ­recours à leur pro­pre force quand ils ser­vent leur pro­chain, mais à son nom et à leur appel de lui. Nous aussi som­mes des dis­ci­ples et nous ­vivons dans un monde de ­besoins spi­ri­tuels, maté­riels et émo­tion­nels. Par le ser­vi­ce de l’Evan­gi­le nos ­besoins éter­nels peu­vent être satis­faits, et par ce fon­de­ment nous pour­rons vrai­ment ser­vir l’huma­ni­té. Nos ­besoins ne peu­vent être satis­faits que par la recher­che et la décou­ver­te de ce qui dure éter­nel­le­ment, et non de ce qui est éphé­mè­re. Quand nous cher­chons les répon­ses sur le plan éter­nel, nous assu­rons notre rap­port avec Dieu et nous obte­nons une meilleu­re com­pré­hen­sion de nos sem­bla­bles. Nous pour­rons alors ser­vir. Tel est le but de notre vie.


Le ser­vi­ce ou l’expres­sion visi­ble de la volon­té de Dieu appor­te des sen­ti­ments de plai­sir, de clar­té et de joie de vivre, des sen­ti­ments que l’on chan­te dans les Psaumes. Mais la vie n’est ­jamais sans adver­si­té ni même par­fois sans cer­tains ­moments de dés­es­poir. Le monde ­autour de nous nous tente vers des cho­ses non dura­bles, vers l’injus­ti­ce et la dés­obéis­san­ce. Si nous vou­lons résis­ter et réus­sir, nous ­devons agir selon les prin­ci­pes de l’Evan­gi­le. Nous ne pou­vons deman­der plus que de trou­ver le vrai sens de notre vie. «Celui qui aura gardé sa vie la per­dra, et celui qui aura perdu sa vie à cause de moi la retro­uve­ra» (Matthieu 10:39). La pro­mes­se nous est faite que nous rece­vrons l’abon­dan­ce et la vie éter­nel­le quand nous aban­don­nons ce que le Seigneur nous deman­de d’aban­don­ner. Alors, «ne [crai­gnons] pas!»


Nous choi­sis­sons d’accep­ter ou de reje­ter l’évan­gi­le du Christ. A la base de la vie humai­ne se trou­ve le libre arbi­tre. Dieu dési­re des gens ­libres et des gens qui le ser­vent libre­ment. Il est donc dif­fi­ci­le pour tous de sui­vre le che­min droit et ­étroit et d’évi­ter une vie qui man­que de direc­tion. Il y a sans doute des ­moments dans la vie où l’on se deman­de s’il n’y a pas ­d’autres che­mins ou des raccour­cis. L’Evan­gi­le nous donne la répon­se et la pro­mes­se d’une direc­tion divi­ne. C’est un che­min que nous pou­vons sui­vre un pas à la fois, avec patien­ce, espé­ran­ce et foi. Si nous n’avons pas la force aujourd’hui de faire face aux dif­fi­cul­tés de ­demain, les déci­sions que nous pre­nons aujourd’hui influe­ront sur notre vie ­future, sur nos for­ces et nos capa­ci­tés.


Thomas Carlye a dit : «Connaissez votre des­ti­né et sui­vez-la.» Nous som­mes ici aujourd’hui parce que nous ­croyons que notre des­ti­né est d’obte­nir l’exal­ta­tion éter­nel­le. C’est le plus grand but de notre vie et il exige toute notre force, notre dévo­tion et notre tra­vail. Toutefois, il est impos­si­ble de réali­ser sa plus haute des­ti­née sans direc­tion. Le Seigneur nous donne des «pan­neaux indi­ca­teurs» qu’il nous faut sui­vre. Voyons un peu quel­ques-uns de ceux-ci:


1. Soyez fidè­les. Défendez et sou­te­nez les pro­phè­tes et les Ecri­tures. Nous vou­lons pou­voir dire comme Néphi:


« … nous par­lons du Christ, … nous nous réjouis­sons dans le Christ, nous prê­chons le Christ, nous pro­phé­ti­sons le Christ, et nous écri­vons selon nos pro­phé­ties, afin que nos ­enfants ­sachent de quel­le sour­ce ils peu­vent atten­dre la rémis­sion de leurs ­péchés» (2 Néphi 25:26).


2. Observez les dix com­man­de­ments. «Tu n’auras point ­d’autres dieux ­devant moi» (Exode 20:3). A cause des choix et des ten­ta­tions de ce monde, nous ­oublions sou­vent les ­vraies ­valeurs et notre cœur se tour­ne vers la riches­se, les car­riè­res, les passe-temps, les per­son­nes, et au pire, le dési­r de la gra­ti­fi­ca­tion de notre pro­pre per­son­ne.


3. Faites la dis­tinc­tion entre la réali­té et l’appa­ren­ce. Dieu ­connaît notre cœur et nous ne pou­vons le trom­per. Nous pou­vons trom­per les gens par­fois, mais pas Dieu. Nous ne pou­vons ­jamais éprou­ver la joie des rela­tions de confian­ce et d’amour avec nos sem­bla­bles à moins que ces rela­tions ­soient ­basées sur l’hon­nê­te­té. David le psal­mis­te a dit du Seigneur :


«Eternel ! tu me son­des et tu me ­connais. Tu sais quand je ­m’assieds et quand je me lève … la paro­le n’est pas sur ma lan­gue, que déjà, Eternel ! tu la ­connais entiè­re­ment» (Psaumes 139:1-2, 4).


4. Elevez-vous au-des­sus de l’égoïs­me. Cela com­prend l’égoïs­me spi­ri­tuel, lors­que l’on ne recher­che que l’édi­fi­ca­tion per­son­nel­le et la force, et que l’on ne recher­che que son pro­pre salut. Le but final n’est pas d’être béni, mais d’être une béné­dic­tion pour les ­autres. Tout le monde a un ­talent d’une sorte ou d’une autre pour tou­cher et inspi­rer la vie ­d’autrui. Ne regar­dons pas seu­le­ment en nous-mêmes et ne di­sons pas : « … Tout est bien en Sion, Sion pro­spè­re … » (2 Néphi 28:21), mais ­soyons une lumiè­re dans ce monde chao­ti­que.


Pouvons-nous sui­vre de tel­les admo­ni­tions ? Combien de fois avons-nous fait des réso­lu­tions que nous ne pou­vons pas réali­ser ? La seule répon­se à ces ques­tions est de s’enga­ger à ser­vir le Seigneur et à sou­le­ver ses défis. Moroni a dit que la grâce du Seigneur suf­fit à tous ceux qui s’humi­lient ­devant lui. Si nous nous humi­lions ­devant lui et avons foi en lui il trans­for­me­ra nos fai­bles­ses en for­ces (Ether 12:27). Ainsi il nous donne sa force et beau­coup de dif­fi­cul­tés ont une solu­tion. L’Esprit de Dieu non seu­le­ment ren­for­ce ceux qui sont forts, mais aussi ceux qui sont ­malades, fai­bles, affli­gés phy­si­que­ment, spi­ri­tuel­le­ment et émo­tion­nel­le­ment. Nous ­devons donc déci­der de choi­sir le bon che­min. Caterina Di Genova, qui est morte au moyen âge en mar­ty­re et qui a inspi­ré des géné­ra­tions à sa suite par sa pure­té, sa foi et son cou­ra­ge, a dit: «Lorsque Dieu pos­sè­de la volon­té d’une per­son­ne, Dieu demeu­re dans cette per­son­ne et la mène à la per­fec­tion.» Dans ce monde, être fort sans Dieu est dif­fi­ci­le. Mais avec Dieu, tout est pos­si­ble.


Devons-nous deman­der, ou nous atten­dre à rece­voir une récom­pen­se pour nos ­efforts ? Les dis­ci­ples de Jésus l’ont inter­ro­gé à ce sujet. Au lieu de les répri­man­der, il leur a répon­du:


« … qui­con­que aura quit­té, à cause de mon nom, mai­sons, frè­res, sœurs, père, mère, femme, ­enfants ou terre rece­vra beau­coup plus et héri­te­ra la vie éter­nel­le» (Matthieu 19:29).


Les trou­bles du monde ­actuel et la paix qui ne dure pas sont le résul­tat des mau­vai­ses ­actions du passé et de l’igno­ran­ce des prin­ci­pes de Dieu. La force spi­ri­tuel­le de cha­que nou­vel­le géné­ra­tion a ses raci­nes dans l’amour de Dieu et l’obéis­san­ce à l’Evan­gi­le de la part des ­parents et des ­grands-­parents. En tant qu’indi­vi­du et en tant qu’Eglise, nous ­devons nous deman­der ce que nous appor­tons de ­valeur à nos sem­bla­bles. Quand la Suisse était en train de for­mer une allian­ce poli­ti­que au début de sa nou­vel­le fédé­ra­tion, Gottfried Keller, poète et roman­cier Suisse, s’inter­ro­geait comme nous l’avons fait main­te­nant. A l’occa­sion de la fête natio­na­le ­d’actions de grâce, de repen­tan­ce et de priè­re en 1862 il a écrit:


«Moi et ma mai­son, avons-nous vécu de telle maniè­re à pou­voir faire pro­fi­ter l’ensem­ble [du pays] et à contri­buer [à son] moin­dre embe­lis­se­ment, non pas aux yeux d’un monde igno­rant, mais aux yeux du plus grand juge ? Alors, lors­que nous nous deman­dons : Quelle est notre situa­tion aujourd’hui en tant que ­nation ­devant les ­autres ­nations ? et Comment avons-nous uti­li­ser les ­atouts qui nous ont été ­confiés ? … le jour où nous ­devrons com­pa­raî­tre ­devant le Seigneur des ­nations, nous ne ­devrons pas nous pré­sen­ter avec des sen­ti­ments de notre pro­pre gloi­re; car il voit à tra­vers tou­tes insu­fi­san­ces, il voit la dif­fé­ren­ce entre la chan­ce et ­l’effort hon­nê­te, entre la sub­stan­ce et l’appa­ren­ce.»


Cherchons bien dans notre cœur quand nous nous deman­dons : «Que ­devons-nous faire?» et sui­vons l’admo­ni­tion de Josué :


«Choisissez aujourd’hui qui vous vou­lez ser­vir … Moi et ma mai­son nous ser­vi­rons l’Eternel» (Josué 24:15).


Je dis ces cho­ses au nom de Jésus-Christ, amen.